La communauté internationale va apporter son soutien vendredi à Paris au Premier ministre Saad Hariri pour permettre au Liban de tenter d'échapper à la lutte d'influence régionale entre Iran et Arabie saoudite.
Le président français Emmanuel Macron, qui a aidé Saad Hariri à sortir de la crise provoquée par sa démission surprise et à reprendre ses fonctions, ouvrira cette réunion au Quai d'Orsay en présence du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.
Les autres pays du Groupe international de soutien au Liban (GISL) - Russie, Chine, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie - seront également représentés à la réunion, à un niveau non précisé, ainsi que l'Egypte, acteur clé du monde arabe.
"Il s'agit de passer un message clair et net à tous ceux qui exercent une influence au Liban (...) et d'éviter d'entraîner ce pays dans le chaos régional", relève-t-on au ministère français des Affaires étrangères.
Message clair qui a peu de chance d'être pris en compte par l'Iran et le Hezbollah qui ont totalement verrouillé le Liban depuis de longues années.
Saad Hariri, soutenu par Ryad, a démissionné le 4 novembre en accusant le puissant mouvement chiite du Hezbollah, qui fait partie de son gouvernement, et son allié iranien de "mainmise" sur le Liban.
Sur l'échiquier régional, les pays arabes dénoncent l'influence militaire croissante de Téhéran - du Liban au Yemen en passant par la Syrie et l'Irak - à travers ses "bras armés", Hezbollah en tête.
L'Arabie saoudite, soupçonnée d'avoir poussé Saad Hariri à la démission dans son obsession à contenir et contrer l'Iran, est aussi invitée à jouer un rôle plus constructif au Liban.
En donnant l'impression de retenir Saad Hariri contre son gré et de le chapeauter, Ryad a surtout contribué à fédérer les Libanais derrière leur Premier ministre et à le remettre en selle.
Saad Hariri est revenu sur sa démission après avoir engagé des consultations avec tous les acteurs libanais, Hezbollah en tête, pour réaffirmer la "dissociation" ou "distanciation" du Liban des crises régionales.
"La +dissociation+ sera le maître mot" de la réunion de Paris, note-t-on au Quai d'Orsay, même si l'on concède que le Hezbollah ne va baisser pour autant la garde militairement.
La réunion de Paris doit aussi déboucher dans les prochains mois sur un soutien accru à l'armée libanaise (désormais totalement inféodée au Hezbollah), socle de l'unité nationale, et à l'économie libanaise, souligne-t-on au Quai.
Le gouvernement libanais issu des législatives prévues en 2018 devra lancer un ambitieux programme de modernisation des infrastructures, chiffré à plusieurs milliards de dollars, nécessitant des financements internationaux.
Une réunion est également prévue en 2018 à Rome pour mobiliser des aides en faveur de l'armée libanaise, aussi bien en formation qu'en matériel. L'Arabie s'était engagée à payer 2,2 milliards d'euros d'équipements militaires français avant de faire volte-face en 2016 en invoquant déjà "la main mise du Hezbollah" au Liban.
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