Donald Trump a reconnu mercredi Jérusalem comme capitale d'Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et suscitant une vague de réprobation au Proche-Orient et au-delà, sur fond d'inquiétudes sur une flambée de violence.
Avec cette décision historique qui marquera son mandat, le 45e président des Etats-Unis tient l'une de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s'isole encore un peu plus sur la scène internationale et prend le risque d'anéantir les timides espoirs de reprise des discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Cette déclaration "détruit" la solution dite à deux Etats, a immédiatement réagi l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), tandis le mouvement islamiste palestinien Hamas affirmait qu'elle ouvrait "les portes de l'enfer" pour les intérêts américains dans la région.
"Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël", a lancé M. Trump lors d'une brève allocution depuis la Maison Blanche au cours de laquelle il a insisté sur sa volonté de "reconnaître une réalité".
"Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties", a-t-il martelé, s'efforçant d'adopter une tonalité conciliante après cette décision extrêmement controversée.
"J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord", a-t-il encore dit au pupitre, debout devant un portrait de George Washington.
Défendant une décision qui aurait du être prise "depuis longtemps", M. Trump a aussi égratigné ses prédécesseurs qui "n'ont pas fait ce qu'ils avaient dit", peut-être selon lui par manque de "courage".
Toute reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël est un casus belli pour les dirigeants palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël, comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, a salué un jour "historique" réaffirmant par ailleurs l'engagement israélien à maintenir le "statu quo" sur les lieux saints à Jérusalem.
Le président français Emmanuel Macron a lui qualifié cette décision de "regrettable" et appelé à "éviter à tout prix" les violences.
La Turquie a de son côté stigmatisé une décision "irresponsable". Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà annoncé son intention de réunir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul.
"J'adresse un appel vibrant pour que tous s'engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l'ONU", a ajouté le souverain pontife.
Reconnaissant que son annonce était loin de faire l'unanimité, M. Trump a lancé un appel "au calme et à la modération", espérant que "les voix de la tolérance l'emportent sur les pourvoyeurs de haine".
Il a par ailleurs ordonné de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, sans fixer de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre des années.
L'Autorité palestinienne, interlocutrice des Etats-Unis, d'Israël et de la communauté internationale, avait prévenu par avance que si une telle décision était annoncée, Washington se discréditerait comme intermédiaire impartial de toute entreprise de paix. Et que les efforts en ce sens du gendre et conseilleur de Donald Trump, Jared Kushner, seraient considérés comme terminés.
La communauté internationale n'a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale "éternelle et indivisible".
Dans un apparent souci d'apaiser les Palestiniens, M. Trump s'est dite prêt à soutenir "une solution à deux Etats" si les deux parties tombent d'accord.
A la grande frustration des Palestiniens, le président des Etats-Unis s'est jusqu'ici gardé d'adhérer à l'idée d'un Etat palestinien indépendant, solution référence de la communauté internationale.
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