Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché à Washington d'avoir refusé les conditions posées par Ankara à son entrée active dans la coalition antijihadiste, sur fond de tensions bilatérales à la veille de la visite du vice-président Joe Biden.
La coalition internationale dirigée par Washington n'a pas pris les mesures que nous lui demandons, a déploré M. Erdogan devant la presse, avant une tournée en Afrique.
La Turquie refuse catégoriquement d'intervenir militairement contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), par crainte de favoriser par ricochet le régime du président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire.
Contrairement aux Etats-Unis, elle s'est également abstenue d'aider les forces kurdes syriennes qui défendent la ville syrienne de Kobané assiégée par les jihadistes, redoutant qu'un tel soutien ne profite aux rebelles frères du Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mènent depuis 1984 une guérilla contre Ankara.
Malgré les pressions, la Turquie n'a pas non plus autorisé l'accès de sa base aérienne d'Incirlik (sud) aux avions de la coalition qui mènent des frappes contre l'EI.
Ankara s'est contentée d'autoriser le passage par son territoire de 150 peshmergas kurdes irakiens destinés à renforcer le front de Kobané.
Le gouvernement islamo-conservateur turc réclame, pour entrer dans la coalition, la création d'une zone-tampon doublée d'une zone d'exclusion aérienne le long de sa frontière avec la Syrie, et veut privilégier l'entraînement et l'équipement de l'Armée syrienne libre (ASL), émanation de l'opposition modérée au régime de Damas.
M. Erdogan a exhorté mercredi les Etats-Unis à prendre maintenant des mesures concernant la zone d'exclusion aérienne et la zone de sécurité, l'entraînement et l'équipement de l'ASL.
Le quotidien turc Hürriyet Daily News avait affirmé samedi qu'Ankara et Washington avaient finalisé leur accord pour la formation, en Turquie, de 2.000 combattants syriens de l'ASL, mais le chef de l'Etat turc a assuré mercredi qu'aucune mesure décisive n'avait encore été prise en la matière.
Évidemment, la Turquie maintiendra sa position jusqu'à la fin de ce processus, a-t-il dit.
Cette nouvelle sortie de M. Erdogan intervient alors que les relations entre son pays et son allié américain se sont nettement crispées autour du dossier syrien.
Le vice-président américain Joe Biden, qui a lui-même publiquement accusé la Turquie de complaisance envers les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) avant d'amender ses propos, est attendu le 21 novembre à Istanbul.
A la veille de cette visite de trois jours, un haut responsable de l'administration américaine a confirmé que l'idée turque d'une zone-tampon et d'une zone d'exclusion aérienne n'était pas à l'ordre du jour.
Ce responsable a toutefois tenu à minimiser les divergences entre les deux pays, soulignant qu'il existait différent moyens pour aboutir à notre objectif commun.
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