Les revenus de l'Etat syrien sont en voie d'extinction avec la perte progressive de ses richesses minières, qu'il s'agisse du pétrole, du gaz ou des phosphates dont la production est passée aux mains de ses adversaires.
Les seules rentrées sur lesquelles il peut désormais compter sont les taxes douanières et les impôts ce qui contraint le régime de Bachar al-Assad à être de plus en plus dépendant des financements accordés notamment par l'Iran.
Sa dernière déveine est la perte le week-end dernier des deux mines de phosphates du pays au profit du groupe de l'Etat Islamique (EI).
Les jihadistes ont pris le contrôle des mines publiques d'al-Charqiya et de Kneifess lors de leur offensive sur la ville de Palmyre, dont elles sont distantes d'une cinquantaine de km, selon un militant de la région Mohammad Hassan al-Homsi et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Al-Charqiya produisait 3 millions de tonnes et Kneifess 850.000 tonnes par an, a indiqué une source au ministère syrien du Pétrole et des ressources minières.
Avant la crise en 2011, la Syrie était le 5 ème exportateur mondial de phosphate, qu'elle vendait principalement au Liban, à la Roumanie et à la Grèce.
Selon le ministère, les ventes de phosphate à l'intérieur et à l'extérieur se sont élevées à 408.000 tonnes au premier trimestre, pour une valeur de 39 millions de dollars, dont 35,3 à l'exportation.
Elles ont chuté de plus de moitié en quatre ans puisque la production avait atteint 988.000 tonnes pour 63 millions de dollars lors des trois premiers mois de 2011. Pour la totalité de cette année-là, les revenus avaient atteint 250 millions avec une production de 4 millions de tonnes, dont 600.000 pour la fabrication locale d'engrais et de détergents.
Damas escomptait en tirer environ 160 millions de dollars en 2015 si l'EI ne s'était emparés de ces champs.
Pour l'Etat dont les ressources s'épuisent, c'est une perte sèche. Et dans la situation actuelle chaque rentrée est importante, note Jihad Yazigi, directeur de l'hebdomadaire économique en ligne Syria Report.
La situation n'est guère meilleure concernant le pétrole car l'EI s'est emparé la semaine dernière de l'un des derniers champs aux mains du régime, celui de Jazal qui produit 2.500 b/j, relève Syria Report.
La production officielle est tombée à 9.329 barils/jour en 2014 contre 380.000 b/j avant le début de la guerre en mars 2011, selon le ministère du Pétrole. Les revenus pétroliers qui se montaient à 3,8 milliards de dollars représentaient 25% des revenues de l'Etat et 75% des recettes d'exportation.
Ces revenus ont été affectés par l'embargo pétrolier imposé par l'Union Européenne en 2011 pour sanctionner la répression à laquelle s'était livré le régime contre sa population.
La perte des champs pétroliers a accentué la dégringolade, en particulier lorsque l'EI a pris le contrôle en 2013 de ceux de Deir Ezzor (est).
Le groupe jihadiste s'est ainsi mis à produire plus de pétrole que le gouvernement: 80.000 b/j contre 17.000 b/j en septembre 2014, selon le ministère du Pétrole.
Pour le moment, la production des importants champs gaziers n'a pas été très affectée par les récentes avancées de l'EI et s'élève à 10 millions de m3 par jour, selon le ministre du Pétrole Souleiman Al-Abbas.
Ce dernier n'a cependant pas évalué l'impact qu'allait avoir la prise par l'EI des champs gaziers d'Arak et al-Hel, proches de Palmyre.
Les principaux champs gaziers de Syrie se trouvent dans le désert, à l'est des villes de Hama et Homs, à proximité des zones de combats avec l'EI.
Si la Syrie n'a jamais exporté son gaz, il est toutefois crucial pour la production de l'électricité. La perte de champs gaziers porterait un coup terrible à son économie déjà largement sinistrée, avertit M. Yazigi.
Les exportations totales du pays ont en effet chuté à 1,8 milliard de dollars en 2014 contre 11,3 milliards en 2010, selon le quotidien à Watan, proche du pouvoir. La Syrie exporte surtout des produits agricoles et agro-alimentaires, du textile et du cuir, des médicaments, des fleurs et de la céramique.
Pour continuer à fonctionner, l'Etat ne peut plus compter que sur les taxes douanières - qui se sont élevées en 2014 à l'équivalent de 550 millions de dollars selon une source officielle -, sur les impôts collectés tant bien que mal mais surtout sur les lignes de crédits accordées par l'Iran, son principal allié régional, d'un montant de 4,6 milliards de dollars.
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