Une dizaine de chars supplémentaires de l'armée turque sont entrés en Syrie jeudi dans le cadre de l'opération visant à chasser les combattants de Daech de la région frontalière de Jarablos. L'offensive veut aussi empêcher les Kurdes de progresser dans le nord du pays
Un responsable turc a indiqué qu'une vingtaine de blindés turcs se trouvaient désormais en territoire syrien et que de nouveaux chars et véhicules du génie mécanique allaient être envoyés sur place.
Ces déploiements de l'armée turque font partie de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" impliquant des rebelles syriens appuyés par des forces spéciales turques, des chars et des avions. Ces forces sont entrées mercredi dans la localité de Jarablos, une des places fortes de l'EI en territoire syrien.
La rapidité de la reconquête de cette ville a stupéfié les analystes alors que la capture par les Kurdes de localités tenues par le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie avait nécessité de longs combats. Les Etats-Unis apportent leur soutien, y compris aérien, à l'opération turque, ont souligné des responsables américains sous couvert d'anonymat.
Dans une interview à la chaîne de télévision NTV, le ministre turc de la Défense Fikri Isik a précisé que l'opération lancée mercredi avait deux objectifs: sécuriser la frontière turque et empêcher les miliciens YPG de s'en approcher.
"L'Etat islamique doit être nettoyé, ceci est un devoir absolu. Mais ce n'est pas assez pour nous. Le PYD (Parti de l'union démocratique, kurde) et les milices YPG ne doivent pas remplacer l'Etat islamique là-bas", a-t-il déclaré.
Il a estimé qu'il était essentiel que les combattants kurdes n'établissent pas une continuité territoriale dans le nord de la Syrie entre les zones qu'ils occupent de la frontière irakienne à l'Euphrate et la poche d'Afrin dans le nord-ouest de la Syrie.
Le ministre turc a également affirmé que l'opération avait pour but de s'assurer que les peshmergas retournent sur la rive est de l'Euphrate et renoncent à la ville de Minbej, qu'ils ont reprise à l'EI. Pour Fikri Isik, cette localité doit être restituée à ceux qui en avaient le contrôle avant le début de la guerre en Syrie.
Les miliciens kurdes des YPG ont annoncé jeudi s'être repliés vers leurs bases, après avoir capturé Minbej. Ils ont précisé avoir rendu leurs positions au Conseil militaire de cette ville.
La coalition menée par les Etats-Unis a confirmé que "l'élément principal" des Forces démocratiques syriennes (FDS), dont fait partie l'YPG, avait entamé son repli vers la rive orientale de l'Euphrate. Les FDS préparent l'offensive contre Raqqa, capitale de fait de l'EI en Syrie, a ajouté la coalition.
Le vice-président américain Joe Biden avait assuré mercredi la Turquie que les Etats-Unis ne soutiendraient pas les miliciens kurdes s'ils ne se retiraient pas à l'est de l'Euphrate. Jeudi, Joe Biden a affirmé lors d'une visite en Suède que la Turquie se préparait à rester un long moment en Syrie "afin d'éliminer l'EI, aussi longtemps qu'il le faudra".
Un accord est en outre intervenu pour l'évacuation dès vendredi de plus de 5000 insurgés et civils de Daraya, ville rebelle proche de Damas assiégée depuis 2012, ont indiqué un commandant rebelle et l'agence officielle syrienne Sana.
"L'étape suivante sera l'entrée de l'armée dans la localité", a indiqué à une source militaire.
Fief rebelle très symbolique, Daraya avait été l'une des premières villes à se soulever contre le régime en 2012, et l'une des premières aussi à être assiégées.
Concernant Alep, l'envoyé spécial pour la Syrie Staffan de Mistura a laissé entendre que la trêve hebdomadaire de 48 heures réclamée par l'ONU pour laisser l'aide entrer dans la ville pourrait être instaurée rapidement. "La Russie a dit oui. Nous attendons que les autres fassent de même", a-t-il dit.
Alep, où au moins onze enfants et quatre femmes ont été tués jeudi par des barils d'explosif lancés par des hélicoptères du régime sur un quartier rebelle, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Par ailleurs, huit civils dont deux enfants ont été tués par des bombardements rebelles sur des quartiers gouvernementaux, selon la même source.
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