L’armée syrienne a repris samedi aux jihadistes et rebelles la ville clé de Saraqeb, dans la province d’Idleb, dernière victoire en date pour le régime qui mène une offensive meurtrière dans le nord-ouest de la Syrie.
Damas poursuit sa progression le long d’un axe stratégique, malgré les mises en garde de la Turquie, parrain de groupes rebelles syriens, qui a de nouveau menacé samedi de représailles en cas d’attaque de ses avant-postes militaires dans la région.
Soutenu par l’aviation russe, le régime de Bachar al-Assad a lancé en décembre une nouvelle offensive contre le dernier grand bastion des jihadistes et rebelles qui lui échappe, tuant plus de 300 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), et provoquant l’exode de plus d’un demi-million de civils, d’après l’ONU.
« Des unités de l’armée (syrienne) contrôlent désormais la totalité de la ville de Saraqeb », a indiqué samedi la télévision d’Etat, qui a diffusé en direct des images de quartiers de la ville désormais déserts. L’agence officielle Sana a fait état de la « fin » des opérations de « ratissage » dans la ville, située à 20 km au sud-est d’Idleb.
Saraqeb se trouve à la jonction de deux autoroutes clés, M5 et M4, que le régime cherche à reconquérir en vue de relancer une économie ravagée par près de neuf ans de guerre.
La voie M5 relie Alep, deuxième plus grande ville du pays et ancien poumon économique de Syrie, à la capitale Damas, tandis que la M4 relie Alep à la ville côtière de Lattaquié, fief du régime.
Selon l’OSDH, le régime contrôle désormais près de la moitié de la province d’Idleb et la quasi-totalité de la M5, à l’exception d’un tronçon d’environ 30 km, situé dans le sud-ouest d’Alep.
Fin janvier, les forces du régime, appuyées par leur allié russe, avaient déjà reconquis la ville clé de Maaret al-Noomane –la deuxième plus grande de la province d’Idleb– également traversée par la M5, l’axe routier le plus long du pays.
Samedi, l’aviation russe a bombardé plusieurs secteurs dans la région, d’après l’OSDH, notamment dans l’ouest de la province d’Alep, théâtre aussi d’un pilonnage intense depuis des semaines.
Un peu plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants des provinces voisines d’Alep, Hama et Lattaquié, sont toujours dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda).
La région de trois millions de personnes abrite aussi d’autres groupuscules jihadistes et des groupes rebelles affaiblis.
Ces nouvelles reconquêtes interviennent alors que la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles, réitère ses avertissements après avoir envoyé des renforts militaires ces derniers jours pour renforcer ses positions à Idleb.
Depuis vendredi, 350 véhicules ont franchi la frontière syro-turque en direction d’Idleb, selon l’agence étatique turque Anadolu.
« Tous les renforts sont acheminés vers des secteurs situés au nord-ouest de Saraqeb », a affirmé l’OSDH.
En vertu d’un accord avec la Russie, la Turquie dispose dans la province d’Idleb de 12 postes d’observation, dont trois sont encerclés par les troupes de Damas, dans le sud-est d’Idleb.
Ankara ne cesse de hausser le ton à l’égard de Damas depuis des combats inédits lundi entre ses troupes et les forces du régime ayant fait plus de 20 morts des deux côtés.
« Nos postes d’observation à Idleb sont toujours en service et sont capables de se protéger avec les armes et l’équipement dont ils disposent », a assuré samedi le ministère turc de la Défense.
« En cas de nouvelle attaque, une réponse appropriée sera mise en oeuvre de la manière la plus forte, basée sur le droit à l’autodéfense », a-t-il averti.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a posé un ultimatum à Damas, lui demandant d’éloigner ses troupes des postes d’observation turcs d’ici fin février.
Il a également appelé Moscou à faire pression sur le régime syrien pour qu’il cesse son offensive.
Une délégation russe doit s’entretenir samedi avec des représentants turcs à propos de la situation à Idleb.
Le front d’Idleb représente la dernière grande bataille stratégique pour le régime, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire, selon l’OSDH.
Le conflit en Syrie a fait plus de 380.000 morts depuis 2011 et jeté sur la route de l’exil plus de la moitié de la population d’avant-guerre –plus de 20 millions d’habitants.
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