La Russie condamne le bombardement "illégitime" par la coalition menée par les Etats-Unis d'un convoi lié au régime syrien près de la frontière jordanienne, a déclaré vendredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"Quelle que soit la raison ayant motivé la décision du commandement des Etats-Unis d'effectuer un tel bombardement, il est illégitime, illégal et il s'agit d'une nouvelle grave violation de la souveraineté de la Syrie", a déclaré le chef de la diplomatie russe, cité par l'agence de presse Interfax lors d'une conférence de presse à Nicosie.
Ce bombardement risque d'avoir un impact négatif sur les "efforts de ceux qui luttent réellement +sur le sol+ et dans les airs contre les terroristes de (l'organisation) Etat islamique et l'ancien Front al-Nosra", a-t-il affirmé.
"Cela favorise de fait les terroristes", a-t-il martelé, ajoutant qu'à sa connaissance, la Russie n'avait pas été prévenue des frappes de la coalition menée par Washington.
Ce bombardement a visé un convoi de "forces" soutenant le régime de Damas, selon un porte-parole militaire de la coalition antijihadiste, le colonel américain Ryan Dillon. Un autre responsable américain a dit qu'il s'agissait "probablement" de milices chiites, sans être plus précis.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, huit personnes "pour la plupart non-syriennes" ont été tuées dans cette frappe.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, cité par Ria Novosti, avait plus tôt dans la journée fustigé un bombardement "absolument inacceptable".
"Toute action militaire aggravant la situation en Syrie influence de fait le processus politique. D'autant plus quand il s'agit d'actions (militaires) menées contre les forces armées syriennes", a-t-il souligné.
Ces événements interviennent sur fond de déroulement depuis mardi à Genève de nouveaux pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU entre représentants du régime et de l'opposition.
Pour Guennadi Gatilov, ces négociations doivent se concentrer sur "la mise en place des zones de désescalade", prévues par un accord signé à Astana le 4 mai et qui a déjà permis une réduction relative des combats dans plusieurs régions du pays.
"C'est cela qui peut vraiment permettre l'avancée du processus politique", a souligné le diplomate russe. "Il y a eu des difficultés liées à des visions différentes", a-t-il admis, soulignant cependant "la volonté d'aller vers l'avant" dont ont fait preuve les participants aux négociations de Genève.
Les représentants du gouvernement et de l'opposition -représentée par le Haut comité de négociations (HCN)- avaient accepté de former un comité d'experts pour discuter des "questions constitutionnelles", selon l'ONU.
"Bien entendu, nous soutenons" cette initiative, a déclaré un autre vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à l'agence de presse TASS, parlant d'une "avancée" dans le processus de règlement politique du conflit.
En six ans, la guerre a causé la mort de plus de 320.000 personnes, chassé plus de la moitié des Syriens de leur foyer et détruit l'économie et les infrastructures de la Syrie.
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