Après quatre ans de relations tendues avec l'administration Obama, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi rencontrera lundi à Washington son homologue américain Donald Trump qui ne cache pas son admiration pour l'Egyptien à la poigne de fer.
M. Sissi attend un "nouveau souffle" dans les relations bilatérales avec le nouveau locataire de la Maison Blanche.
Les deux hommes doivent évoquer la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui mène un combat armé contre le pouvoir égyptien, mais aussi le conflit israélo-palestinien.
Après quatre ans de relations orageuses avec l'ex-président Obama - qui avait un temps suspendu l'aide militaire américaine de 1,3 milliard de dollars par an (1,21 milliard d'euros) en raison d'inquiétudes sur les droits de l'Homme -, M. Sissi s'attend à un retour au beau fixe avec Donald Trump.
Le président américain "a une compréhension profonde de ce qui se passe dans la région et en Egypte en particulier", avait insisté M. Sissi juste après l'élection américaine.
En janvier, Donald Trump s'était engagé à continuer d'apporter une aide militaire à l'Egypte pour lutter contre "le terrorisme". Le président américain a également épargné les Egyptiens dans son décret migratoire interdisant l'entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays arabes, actuellement bloqué en justice.
Vendredi, la Maison Blanche a indiqué que Donald Trump voulait "profiter de la visite du président Sissi pour relancer les relations bilatérales et renforcer les connections solides établies" lors de leur première rencontre à New York en septembre.
Donald Trump n'a fait aucun mystère de son admiration pour le président Sissi. "C'est un type fantastique. Il a pris le contrôle de l'Egypte, vraiment pris le contrôle", déclarait-il en 2016 dans une interview à la chaîne de télévision américaine Fox Business.
En 2013, M. Sissi, alors général de l'armée, avait destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi puis lancé une féroce répression contre ses partisans, dont des milliers ont été arrêtés et des centaines tués, ainsi que contre l'opposition libérale.
La Maison Blanche a indiqué que le sujet des droits de l'Homme serait abordé "de manière privée et plus discrète" que sous l'ère Obama.
Elle entend par ailleurs pousser pour la libération d'une militante américano-égyptienne, Aya Hejazy, qui gérait une ONG pour les enfants des rues et qui est détenue depuis 2014 pour des accusations de "trafic humain". Le verdict de son procès doit tomber le 16 avril.
Depuis son arrivée au pouvoir, M. Sissi a rencontré quelques délégations américaines comprenant instituts de recherche, associations d'hommes d'affaires ou ONG.
"Au-delà du fait que Sissi se réjouit du remplacement d'Obama par Trump (...), c'est l'occasion pour l'Egypte de se réaffirmer en tant que point central de la stratégie américaine au Moyen-Orient", estime Issandr El Amrani, directeur du centre de réflexion International Crisis Group (ICG) pour l'Afrique du Nord.
Le Caire veut en effet conforter son rôle de médiateur entre Israéliens et Palestiniens au moment où le président américain semble mettre en cause la solution à deux Etats comme moyen de mettre fin à un des plus vieux conflits au monde.
Le président égyptien risque toutefois d'être déçu car, selon M. El Amrani, "l'accent (pour Trump) est en fait sur des zones où l'Egypte n'a pas de rôle-clé, comme l'Irak ou la Syrie".
Pour le chef d'Etat égyptien, Donald Trump comprend bien mieux que son prédécesseur la nécessité de lutter contre jihadistes et islamistes.
L'Egypte fait partie de la coalition antijihadistes menée par Washington, mais piétine dans sa lutte contre la branche de l'EI dans le Sinaï (est), où ce groupe a tué des centaines de soldats et policiers.
Selon des responsables occidentaux qui ont requis l'anonymat, Le Caire veut se procurer des armes conventionnelles mais Washington considère que cela n'est pas nécessaire dans une campagne contre une insurrection.
Reste à savoir si M. Trump, qui veut diminuer les aides à l'étranger et faire des coupes dans le budget du Département d'Etat, maintiendra ses financements pour l'Egypte.
Un responsable de l'administration américaine a indiqué que Washington voulait "soutenir pleinement" l'Egypte.
Mais "les discussions sur les détails du (...) budget et la façon dont il va être alloué" sont encore en cours, a-t-il dit.
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