Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a dénoncé vendredi les "activités déstabilisatrices" du mouvement Hezbollah, poids lourd de la politique au Liban et allié de l'Iran, lors d'une visite à Beyrouth.
Le Liban est la dernière étape de la tournée de M. Pompeo au Moyen-Orient, axée sur la création d'un front régional contre l'Iran, ennemi juré des Etats-Unis.
A l'issue d'une réunion avec le chef du Parlement libanais, Nabih Berri, le chef de la diplomatie américaine a "insisté sur les préoccupations des États-Unis concernant les activités déstabilisatrices du Hezbollah au Liban et dans la région et les risques qu'elles représentent pour la sécurité, la stabilité et la prospérité du Liban", a indiqué son porte-parole Robert Palladino.
Le Hezbollah n'a pas tardé à réagir par l'intermédiaire d'un dignitaire religieux.
"Qu'est-ce que les Libanais attendent de l'Amérique et de son ministre des Affaires étrangères après ces deux annonces totalement biaisées en faveur d'Israël, à part une incitation" à la division du peuple libanais, s'est interrogé, Ali Damuch lors de son prêche vendredi.
Le Hezbollah, financé et armé par Téhéran, est à la tête de trois ministères dans le nouveau gouvernement libanais. Il est considéré par les Etats-Unis comme une organisation "terroriste".
Le chef de l'Assemblée libanaise, à la tête d'un parti allié du Hezbollah, a souligné auprès du diplomate américain que le Hezbollah était "représenté au parlement" et que sa raison d'être était "le résultat de l'occupation israélienne" du Liban, selon l'agence nationale d'information libanaise (ANI).
Au cours de sa visite, M. Pompeo a également rencontré la ministre de l'Intérieur, le président Michel Aoun ainsi que le Premier ministre Saad Hariri auprès duquel il a souligné l'importance "du partenariat entre les États-Unis et le Liban en matière de sécurité".
Il a également insisté sur "la nécessité (pour les Etats-Unis) de continuer à soutenir les institutions légitimes de l'Etat", en référence à l'aide financière et l'entrainement fournis par Washington à l'armée libanaise, a indiqué M. Palladino.
M. Pompeo est arrivé au Liban après une visite de deux jours en Israël au cours de laquelle le président américain Donald Trump s'est prononcé sur Twitter en faveur d'une reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur la partie occupée du plateau du Golan syrien.
Israël a conquis en 1967 une grande partie du Golan et l'a annexée en 1981, mais la communauté internationale n'a jamais reconnu cette annexion.
L'appel de M. Trump a suscité une vague de réactions indignées au Liban et dans le monde arabe et fait craindre une montée des tensions dans la région.
Mrs. Pompeo et Berri ont également discuté vendredi de "la nécessité de maintenir le calme le long de la frontière entre le Liban et Israël", a ajouté M. Palladino.
Israël et le Liban sont toujours techniquement en guerre. Aucun accord de paix n'a été signé entre eux depuis la création de l'Etat hébreu en 1948 et les deux pays n'ont jamais procédé à un tracé frontalier.
Des escarmouches ont parfois lieu le long de la "ligne bleue" de cessez-le-feu, gardée par l'ONU depuis le retrait des troupes israéliennes du sud du pays en 2000, alors que le Liban accuse Israël d'empiéter sur une zone maritime disputée qui serait riche en hydrocarbures.
En 2006, Israël et le Hezbollah se sont livré une guerre dévastatrice de 33 jours.
Israël érige depuis l'an dernier un mur de séparation le long de la frontière de 130 kilomètres avec le Liban pour empêcher toute éventuelle incursion terrestre du Hezbollah sur son territoire.
Il y a quelques semaines, l'Etat hébreu a accusé le Hezbollah d'établir secrètement un réseau militaire dans la partie non occupée du Golan.
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