L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont appelé samedi à la sécurisation des approvisionnements en énergie venant du Golfe, après des attaques contre des pétroliers dans cette région en proie à de fortes tensions alimentées par l'animosité entre l'Iran et les Etats-Unis.
Jeudi, des attaques ont ciblé deux tankers en mer d'Oman, environ un mois après le sabotage de quatre navires dont trois pétroliers au large des Emirats. Elles ont eu lieu près du détroit d'Ormuz par lequel transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde, faisant bondir les cours de l'or noir.
Les Etats-Unis ont pointé du doigt l'Iran qui a démenti. La Grande-Bretagne a elle aussi incriminé Téhéran qui a convoqué son ambassadeur pour "protester fermement contre les positions inacceptables et anti-iraniennes du gouvernement britannique".
Grand rival régional de l'Iran, l'Arabie saoudite, allié des Emirats et des Etats-Unis, a demandé une réponse "décisive" aux menaces sur l'approvisionnement énergétique "créées par les récents actes terroristes".
Les Emirats, dont l'une des façades maritimes donne sur la mer d'Oman, ont appelé la communauté internationale à "coopérer pour sécuriser la navigation internationale" et les approvisionnements en énergie venant du Golfe.
Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, a plaidé pour une "désescalade", sur fond de guerre des mots entre les ennemis iranien et américain.
"La région est complexe et a beaucoup de ressources, que ce soit du gaz ou du pétrole, qui sont nécessaires pour le (reste du) monde. Nous voulons que le flux de ces ressources reste sûr afin d'assurer la stabilité de l'économie mondiale", a-t-il déclaré en Bulgarie.
Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif al-Zayani, a qualifié les attaques de "menace directe" contre les approvisionnements en énergie et appelé les puissances mondiales à protéger les voies maritimes internationales.
La veille, le président américain Donald Trump avait affirmé que "l'Iran a fait ceci", en référence aux attaques, s'appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone, présentée comme l'accostage d'un des tankers ciblés par une vedette des Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, qui retirent une mine non explosée de la coque du pétrolier.
L'Iran a rejeté comme "sans fondement" ces accusations.
Visé par l'une des attaques, le méthanier japonais Kokuka Courageous est en route vers les Emirats, soit à Khor Fakkan ou à Fujairah, a indiqué le porte-parole de l'opérateur, sans autre précision.
Des experts tenteront de transférer à quai la cargaison de méthanol hautement inflammable, selon un responsable anonyme cité par les médias étatiques japonais.
Le Kokuka Courageous a essuyé des tirs. L'équipage, secouru par l'US Navy, a dit avoir vu un "objet volant" viser le tanker suivi d'une explosion.
"Du point de vue de la sécurité de l'énergie mondiale, il est nécessaire pour la communauté internationale de gérer ensemble" la situation, a déclaré le ministre japonais du Commerce Hiroshige Seko.
L'autre navire attaqué, qui transportait du naphta, a été remorqué hors des eaux iraniennes et une équipe d'experts doit inspecter le navire et évaluer les dégâts, a déclaré son opérateur Frontline.
Un avion transportant les 23 membres d'équipage a atterri dans l'après-midi à l'aéroport international de Dubaï en provenance du port iranien de Bandar Abbas, a indiqué une porte-parole de Frontline dans un communiqué. Tous ont été bien traités en Iran où ils avaient été transportés après avoir été secourus en mer.
Le Front Altair, propriété d'un armateur chypriote d'origine norvégienne, a été secoué par trois explosions, provoquant un incendie finalement maîtrisé.
L'Iran a à plusieurs reprises menacé de fermer le stratégique détroit d'Ormuz en cas de confrontation avec les Etats-Unis.
Les Iraniens "ne vont pas fermer (le détroit). Il ne va pas être fermé pendant longtemps et ils le savent. Cela leur a été dit dans les termes les plus forts", a assuré Donald Trump.
Mais les transporteurs maritimes sont inquiets. "Si ces eaux devenaient dangereuses, l'approvisionnement de l'ensemble du monde occidental pourrait être menacé", a expliqué Paolo d'Amico, le président d'Intertanko, une association de pétroliers dont font partie les deux propriétaires des navires touchés jeudi.
Les relations entre Téhéran et Washington se sont détériorées après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a rétabli une série de sanctions économiques contre Téhéran et s'est retiré en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien. Début mai, les Etats-Unis ont envoyé des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l'Iran de préparer des attaques "imminentes" contre des intérêts américains.
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