L’Arabie saoudite a accusé dimanche l’Iran, son grand rival régional, d’être l’auteur des attaques commises jeudi contre deux pétroliers en mer d’Oman.
Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, Ryad a attribué au « régime iranien » les attaques non revendiquées qui ont endommagé deux tankers.
Téhéran nie catégoriquement toute implication dans ces faits survenus près du détroit d’Ormuz, par lequel transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde.
Les attaques, qui ont fait bondir les cours de l’or noir, ont frappé un navire japonais transportant du méthanol et un pétrolier chypriote transportant du naphta. Elles sont survenues au moment où le Premier ministre japonais Shinzo Abe était en visite à Téhéran dans l’espoir de réduire les fortes tensions entre Iran et Etats-Unis.
« Le régime iranien n’a pas respecté la présence du Premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts en attaquant deux pétroliers, dont l’un était japonais », a déclaré le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dans une interview au quotidien Asharq al-Awsat.
« Nous ne voulons pas une guerre dans la région (…) Mais nous n’hésiterons pas à réagir à toute menace contre notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale et nos intérêts vitaux », a averti le prince saoudien.
Auparavant, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) avaient appelé samedi à la sécurisation des approvisionnements en énergie venant du Golfe à la suite des attaques contre des pétroliers dans cette région.
Les attaques de jeudi sont intervenues environ un mois après le sabotage de quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats. Les Etats-Unis ont également accusé de ces actions l’Iran, qui a démenti.
Avant que son prince héritier n’accuse ouvertement l’Iran, l’Arabie saoudite, allié des Emirats et des Etats-Unis, a demandé samedi une réponse « décisive » aux menaces sur l’approvisionnement énergétique « créées par les récents actes terroristes ».
Les Emirats, dont l’une des façades maritimes donne sur la mer d’Oman, ont appelé la communauté internationale à « coopérer pour sécuriser la navigation internationale » et les approvisionnements en énergie venant du Golfe.
Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, cité par l’agence de presse officielle WAM, a plaidé pour une « désescalade », sur fond de guerre des mots entre les ennemis iranien et américain.
« La région est complexe et a beaucoup de ressources, que ce soit du gaz ou du pétrole, qui sont nécessaires pour le (reste du) monde. Nous voulons que le flux de ces ressources reste sûr afin d’assurer la stabilité de l’économie mondiale », a déclaré le ministre émirati en Bulgarie.
Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif al-Zayani, a jugé les attaques comme une « menace directe » contre les approvisionnements en énergie et a lui aussi appelé les puissances mondiales à protéger les voies maritimes internationales.
La veille, le président américain Donald Trump a affirmé que « l’Iran a fait ceci », en référence aux attaques, s’appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone, présentée comme l’accostage d’un des tankers ciblés par une vedette des Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, qui retirent une mine non explosée de la coque du pétrolier.
L’Iran a rejeté comme « sans fondement » ces accusations.
Le chef de l’ONU Antonio Guterres a appelé à une enquête « indépendante » pour déterminer les responsables.
Frappé par l’une des attaques, le méthanier japonais Kokuka Courageous est en route vers les Emirats, a indiqué son armateur. « Nous ne savons pas encore si le tanker va à Khor Fakkan ou à Fujairah car (les deux villes) sont très proches », a déclaré le porte-parole de l’opérateur.
L’équipage, secouru, a dit avoir vu lors de l’attaque un « objet volant » se diriger vers le tanker puis une explosion. Sa cargaison de méthanol est intacte.
A son arrivée aux Emirats, des experts tenteront de transférer à quai la cargaison hautement inflammable, selon un responsable anonyme cité par les médias étatiques japonais.
L’autre navire attaqué, le Front Altair, qui transportait du naphta, a été remorqué hors des eaux iraniennes et subira une évaluation des dégâts, a déclaré son opérateur.
« Les 23 membres d’équipage du Front Altair sont sains et saufs », a-t-il indiqué.
Le Front Altair, propriété d’un armateur chypriote d’origine norvégienne, a été secoué par trois explosions qui ont provoqué un incendie finalement maîtrisé.
L’Iran a plusieurs fois menacé de fermer le stratégique détroit d’Ormuz en cas de confrontation avec les Etats-Unis.
Les Iraniens « ne vont pas fermer (le détroit). Il ne va pas être fermé pendant longtemps et ils le savent. Cela leur a été dit dans les termes les plus forts », a assuré Donald Trump.
Mais les transporteurs maritimes sont inquiets. « Si ces eaux devenaient dangereuses, l’approvisionnement de l’ensemble du monde occidental pourrait être menacé », a déclaré Paolo d’Amico, le président d’Intertanko, une association de pétroliers dont font partie les deux propriétaires des navires touchés jeudi.
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