Israël : le rival de Netanyahu lance sa campagne

29/01/2019
Israël : le rival de Netanyahu lance sa campagne

Benny Gantz

Benny Gantz, rival du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour l'élection législative du 9 avril, a lancé mardi sa campagne en attaquant le chef du gouvernement sortant et en révélant enfin ses positions politiques.

Devant des milliers de partisans réunis à Tel Aviv, le général à la retraite Benny Gantz, 59 ans, a pour la première fois révélé son programme électoral. 

Il a ainsi rejeté tout retrait du plateau du Golan annexée par Israël, de la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée, ou encore de Jérusalem-est annexée, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'Etat auxquels ils aspirent. 

Il a aussi affirmé que s'il remporte le scrutin du 9 avril, il constituera un gouvernement qui fera "échec à tous les complots du président (Hassan) Rohani". 

"Nous agirons sur le plan militaire dans tous les sens du terme, y compris en assenant des coups aussi douloureux que précis", a prévenu celui qui fut chef d'état-major de 2011 à 2015. 

Depuis qu'il a fondé le parti "Résilience pour Israël", Benny Gantz s'impose comme le plus sérieux challenger de l'insubmersible Netanyahu, qui a passé treize années au pouvoir, dont dix consécutives depuis mars 2009 après un premier mandat de 1996 à 1999. 

Mardi soir, alors que des commentateurs jugeaient probable qu'il accepte de servir de ministre de la Défense dans un éventuel nouveau gouvernement de M. Netanyahu, M. Gantz a semblé rejeter cette éventualité. 

"La simple idée qu'un Premier ministre puisse exercer le pouvoir alors qu'une inculpation est présentée contre lui me semble ridicule, cela n'arrivera pas", a-t-il déclaré. 

"Moi, j'ai les mains propres, je ne dois rien à personne et mon gouvernement fera preuve de zéro tolérance envers toute forme de corruption", a-t-il assuré. 

Benny Gantz, un parachutiste aux yeux clairs, mâchoire carrée et visage impassible ou indolent selon les points de vue, est l'un des personnages les plus éminents dans un pays confronté à de nombreuses menaces et où l'armée joue un rôle fédérateur. 

Mardi soir, il a annoncé une alliance avec Moshé Yaalon, un ancien chef de l'armée et ex-ministre de la Défense, renforçant ainsi le volet sécuritaire de sa candidature. 

Un sondage indiquait la semaine passée que le parti de M. Gantz pourrait devenir la deuxième force à la Knesset, le Parlement, avec 15 sièges sur 120, derrière le Likoud (droite) de M. Netanyahu, crédité de 31 sièges. 

Selon des enquêtes d'opinion, M. Gantz est pour les Israéliens la deuxième personnalité la plus à même d'exercer les fonctions de chef de gouvernement. 

M. Netanyahu reste, selon des analystes politiques, le mieux placé pour former un gouvernement. Mais l'ombre d'une inculpation dans plusieurs affaires de corruption présumée plane sur sa campagne. 

Prévue par la presse en février, une déclaration d'intention en ce sens du procureur général ne priverait pas le Likoud de la première place. Mais elle pourrait lui coûter des sièges, toujours selon des sondages, et remettre en cause la capacité de M. Netanyahu à former une majorité. 

Aux yeux de nombreux Israéliens, les services de M. Gantz sous l'uniforme, bien connus de l'opinion, sont comme un résumé de l'histoire militaire nationale, des guerres du Liban à celles de Gaza, en passant par les soulèvements palestiniens. 

Avant son discours de mardi soir, M. Gantz avait ainsi surtout revendiqué ses faits d'armes de soldat, notamment dans des vidéos publiées la semaine dernière. 

Trois de ces vidéos lui attribuent l'élimination en 2012 d'Ahmed Jaabari, chef militaire du Hamas, celle de 1.364 "terroristes" en 2014, lors de la deuxième opération qu'il a commandée dans l'enclave palestinienne, et enfin la destruction de 6.000 cibles à Gaza, renvoyant certains secteurs de la ville "à l'âge de pierre". 

Ces vidéos se concluent par le slogan "Seuls les forts l'emportent". 

Ces clips ont suscité l'indignation ou des sarcasmes de ceux qui ont rappelé la mort de centaines d'enfants palestiniens à Gaza en 2014.  

Dans une quatrième vidéo, M. Gantz convoque l'esprit des dirigeants israéliens qui ont cherché la paix avec les Arabes, à l'heure où l'effort diplomatique avec les Palestiniens est embourbé. 

M. Netanyahu sur son compte Twitter a attaqué Benny Gantz en affirmant que ceux qui comme lui affirment qu'il ne sont "ni de droite ni de gauche, sont en fait de gauche". Le ministre de l'Education Naftali Bennett, a remis en cause les lettres de créance militaires de l'ancien chef d'état-major et l'a assimilé à la "gauche molle". 

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