Le chef de la diplomatie allemande a annoncé jeudi avoir demandé à l'Otan l'ouverture de discussions au sein de l'alliance suite à l'intervention turque controversée dans le nord de la Syrie contre une milice kurde soutenue par Washington.
"J'ai demandé au secrétaire général de l'Otan de discuter aussi de la situation en Syrie et dans le nord de ce pays au sein de l'Otan", a déclaré Sigmar Gabriel dans un communiqué, annonçant en parallèle le report d'une autorisation d'exportation d'armement prévue par l'Allemagne pour la Turquie, deux pays membres de l'Alliance atlantique.
"Le gouvernement allemand continue à être très préoccupé par le conflit militaire dans le nord de la Syrie, c'est la raison pour laquelle nous nous efforçons avec la France d'empêcher une poursuite de l'escalade, de permettre un accès humanitaire et de protéger la population civile", a-t-il dit.
M. Gabriel a souligné que "les intérêts de sécurité" de la Turquie dans la zone devaient être pris en compte, alors qu'Ankara redoute la formation d'un début d'Etat kurde à sa frontière. Mais pour parvenir à une solution la "confrontation militaire" doit prendre fin, a-t-il dit, soulignant "l'avoir déjà dit à plusieurs reprises au gouvernement turc".
Dans l'immédiat, le ministre a indiqué que son pays reportait une décision sur la modernisation des chars Leopard de l'armée turque, demandée par Ankara. Le gouvernement allemand essuie depuis plusieurs jours de vives critiques après le déploiement présumé de ces blindés contre les Kurdes en Syrie.
"Pour le gouvernement allemand, il est clair que nous ne pouvons pas livrer (des armes) dans les zones de tension et que nous ne le ferons pas non plus", a indiqué Sigmar Gabriel.
Le gouvernement allemand est sous pression depuis le week-end, des images de l'intervention turque semblant montrer des chars de fabrication allemande Leopard 2 engagée contre les forces des kurdes de Syrie.
L'opposition de gauche et les médias demandent des explications aux autorités allemandes qui n'ont pas, dans le contrat datant de 2005, prévu de clause donnant à Berlin un droit de veto sur l'usage du matériel militaire vendu.
Or, M. Gabriel avait laissé entendre en janvier, avant cette intervention militaire, que l'Allemagne allait moderniser ces blindés pour le compte de la Turquie dans le cadre d'efforts pour améliorer les relations avec Ankara.
Car l'Allemagne et la Turquie ont multiplié les crises diplomatiques depuis le coup d'Etat raté de l'été 2016 et de la répression qui a suivi.
Les exportations d'armes sont un sujet de controverse régulier en Allemagne en raison des contradictions existant entre sa doctrine politique largement pacifiste, conséquence de la 2e Guerre Mondiale, son soutien à une industrie militaire florissante et ses alliances géopolitiques.
Fin 2017, le gouvernement était ainsi très critiqué pour ses livraisons d'armes à l'Arabie Saoudite, acteur majeur du conflit qui a provoqué une crise humanitaire majeure au Yémen.
M. Gabriel a indiqué que Berlin tranchera la question des armements livrés à la Turquie une fois un nouveau gouvernement allemand formé, ce qui se fera en mars au plus tôt.
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