L'armée syrienne a déclaré lundi la "fin" de la trêve initiée il y a une semaine par les Etats-Unis et la Russie, peu avant des raids aériens sur Alep. Moscou et Washington s'accusent mutuellement de l'échec de cette énième tentative pour mettre fin au conflit.
L'armée du régime de Bachar al-Assad "annonce la fin du gel des combats qui a débuté à 19h00 le 12 septembre conformément à l'accord Etats-Unis/Russie", a-t-elle indiqué à Damas une heure avant son expiration.
Moins de deux heures plus tard, des raids aériens et des bombardements ont frappé les quartiers rebelles d'Alep. Des avions militaires syriens ou russes ont ensuite bombardé des camions d'aide humanitaire positionnés devant les locaux du Croissant-Rouge syrien près d'Alep.
Les Etats-Unis refusaient dans ce contexte de jeter l'éponge et maintenaient coûte que coûte le dialogue avec la Russie pour tenter d'arrêter la guerre. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a précisé que des conseillers russes et américains étaient réunis à Genève pour faire le point.
Face à la gravité de la situation, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble une vingtaine de pays et d'organisations internationales -dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran- se réunira mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, a annoncé Washington.
La fin du cessez-le-feu survient alors que les espoirs s'étaient nettement refroidis ces derniers jours avec la reprise des combats, notamment dans la ville d'Alep, et des échanges virulents entre les deux grandes puissances.
La Russie a multiplié les critiques vis-à-vis de Washington et de ses alliés. Le général Sergueï Roudskoï a ainsi déclaré que "compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le cessez-le-feu, son respect par les forces gouvernementales syriennes n'a pas de sens".
En annonçant la fin de la trêve, l'armée syrienne en a aussi fait porter la responsabilité aux groupes rebelles qui n'ont selon elle "pas respecté une seule disposition" de l'accord. Damas a répertorié plus de 300 violations de la trêve par ces groupes.
Les rebelles et l'opposition n'avaient pas formellement approuvé l'accord russo-américain, dont ils critiquaient l'absence de garanties qu'il soit effectivement appliqué par le régime et ses alliés.
Un peu avant l'annonce de son armée, Bachar al-Assad a accusé les Etats-Unis d'avoir commis une "agression flagrante" en menant samedi un raid contre son armée à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts.
La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) présents dans la zone. Mais Damas a rejeté cette explication en dénonçant un raid "délibéré".
A la faveur de ces frappes, l'EI a réussi à s'emparer du mont Thourda, qui domine l'aéroport de Deir Ezzor tenu par le régime, selon une source militaire. Avec cette position, les djihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.
La Russie a par ailleurs accusé Washington de n'avoir pas réussi à obtenir que l'opposition modérée prenne ses distances avec des groupes djihadistes, dont l'ex-Front al-Nosra, qui a changé son nom en Front Fateh al-Cham depuis sa rupture officielle avec Al-Qaïda.
"Au contraire, la partie russe observe une alliance et une préparation en cours pour une offensive conjointe", a dénoncé le général Roudskoï.
Un autre objectif de la trêve était l'acheminement de l'aide humanitaire vers les villes assiégées, mais celui-ci ne s'est fait qu'au compte-gouttes. Et, surtout, aucun des camions remplis de nourriture et de médicaments n'a pu rejoindre les quartiers rebelles d'Alep, pourtant une priorité absolue selon l'accord de cessez-le-feu.
Commentaires
Loading comments ...