L'opération militaire arabe menée par l'Arabie saoudite au Yémen a ralenti la progression des rebelles chiites dans ce pays où les combats ont fait plus de 500 morts en deux semaines.
Profitant de la situation chaotique, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a pris vendredi le contrôle partiel de Moukalla, chef-lieu de la province Hadramout dans le sud-est du pays où il est fortement implanté.
Soumis à d'intenses bombardements nocturnes de la coalition à Aden, la deuxième ville du Yémen située dans le Sud, les rebelles Houthis et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont dû battre en retraite du palais présidentiel qu'ils avaient pris la veille.
Au sol, ils font face aux combattants des Comités populaires, une force paramilitaire soutenant le président Abd Rabbo Mansour Hadi qui a dû quitter précipitamment son fief d'Aden fin mars pour se réfugier en Arabie saoudite.
Ce dernier a succédé en 2012 à M. Saleh, poussé au départ par une contestation populaire après plus de trois décennies au pouvoir. Il est soupçonné d'avoir aidé les rebelles, liés à l'Iran chiite, dans leur offensive lancée en septembre 2014 et qui leur a permis de s'emparer de vastes régions dont la capitale Sanaa.
Le royaume sunnite saoudien, qui a une longue frontière avec le Yémen, a lancé le 26 mars avec plusieurs pays arabes l'opération Tempête décisive pour empêcher selon lui les Houthis de prendre le pouvoir et l'Iran d'étendre son influence dans la région.
Les Houthis et leurs alliés se sont retirés avant l'aube du palais présidentiel Al-Maachiq après des raids aériens de la coalition et de violents affrontements avec les Comités populaires, a déclaré un responsable.
Après la prise du palais, un symbole de l'Etat, de violents combats les ont opposés aux forces pro-Hadi, selon des sources de sécurité et militaire.
Les rebelles se sont alors repliés à Khor Maksar, un quartier voisin, où 12 des leurs ont été tués dans une attaque. Des snipers tiraient sur la ville depuis une montagne voisine, selon des habitants.
Des accrochages se poursuivaient par intermittence dans les quartiers proches du palais et de l'aéroport d'Aden, bombardé dans la nuit par des navires de guerre de la coalition, selon des sources militaires.
La coalition, qui concentre ses raids dans la nuit, a en outre procédé au parachutage près du port d'Aden de munitions et d'armes, dont des kalachnikovs, des fusils de snipers et du matériel de télécommunication, selon une source portuaire. Elle a précisé qu'un stock de vivres et de médicaments avait été acheminé à Aden par bateau et non par parachutage, comme annoncé dans un premier temps.
Dans la province voisine d'Abyane, 11 rebelles ont péri vendredi dans une embuscade tendue par des membres des Comités populaires près de Loder, une localité sous contrôle des milices, selon des paramilitaires.
Des dissensions sont apparues au sein des forces armées, ralliées aux rebelles. Des militaires de la 17e brigade d'infanterie, déployée près du détroit stratégique de Bab Al-Mandeb, à l'embouchure de la mer Rouge, se sont rebellés contre leur commandant, le général Mohamed al-Sabbari, qui s'est rallié cette semaine aux Houthis, a déclaré un officier de cette unité, faisant état d'accrochages au sein de la brigade.
En deux semaines, avec l'avancée des rebelles vers Aden, les combats au Yémen ont fait 519 morts et près de 1.700 blessés, a indiqué la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos, en se disant extrêmement inquiète pour la sécurité des civils.
Avec la désorganisation des structures de l'Etat et le désordre qui règne au sein des forces gouvernementales, Aqpa, la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite, a procédé à une démonstration de force dans le sud-est du pays.
Quelque 200 à 300 combattants d'Aqpa se sont déployés dans le centre et des quartiers de l'ouest de Moukalla où ils ont installé des points de contrôle, surmontés de la bannière noire du réseau, ont rapporté des habitants.
Après leur entrée jeudi à Moukalla où ils ont libéré 300 détenus en donnant l'assaut à la prison centrale, des membres d'Aqpa ont, selon des habitants, lancé depuis des mosquées des appels au jihad contre les chiites, confirmant le risque d'une guerre confessionnelle dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Ennemis jurés mais tous deux hostiles au pouvoir de M. Hadi, les Houthis et Al-Qaïda s'étaient violemment affrontés ces derniers mois.
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