Yémen : démission de Jamal Benomar

16/04/2015
Yémen : démission de Jamal Benomar

Jamal Benomar

Le médiateur de l'ONU au Yémen, critiqué par les monarchies arabes, a démissionné alors qu'aucune perspective de règlement ne se dessine après trois semaines de guerre. Ryad, résolue à gagner ce conflit contre les Houthis soutenus par l'Iran, a poursuivi ses raids.

La campagne aérienne arabe entre dans sa 4e semaine et les combats entre rebelles et forces gouvernementales continuent. Après avoir tenté en vain ces derniers mois de trouver une solution au conflit entre Houthis et pouvoir incarné par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, le médiateur marocain Jamal Benomar a présenté sa démission à l'ONU, a annoncé l'organisation mercredi en soirée.

Il s'est acharné à vouloir impliquer toutes les factions dans des discussions politiques, en dépit des gains territoriaux des Houthis et du non-respect systématique des accords de trêve.

Selon l'analyste Abdelwahad Badrakhan, M. Benomar a "échoué dans sa mission", notamment depuis le 21 septembre 2014, date de l'entrée des Houthis dans la capitale Sanaa en provenance de leur fief de Saada (nord).

L'ONU a simplement annoncé qu'"un successeur sera nommé en temps voulu". L'un des noms évoqués est celui de l'actuel chef de la mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.

Le Conseil de sécurité avait pourtant renouvelé mardi sa confiance à M. Benomar et adopté une résolution sommant les Houthis de quitter le pouvoir, leur imposant un embargo sur les armes.

Selon des diplomates, M. Benomar était vivement critiqué par les partisans de M. Hadi et leurs alliés du Golfe, notamment le royaume sunnite saoudien voisin. Ces pays lui reprochent d'avoir été dupé par les Houthis qui se sont engagés dans des pourparlers tout en poursuivant leur offensive.

Les Houthis "ont voulu redessiner la carte politique du Yémen. En un sens, ils ont été encouragés par Benomar et nous étions contre", avait confié un diplomate du Golfe peu après le début de la campagne aérienne arabe menée par l'Arabie saoudite le 26 mars au Yémen.

Aidés de puissantes unités restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les rebelles ont pris le pouvoir en février à Sanaa. Ils ont ensuite étendu leur influence dans plusieurs régions du pays et ont lancé une conquête du sud, forçant le président Hadi à fuir en mars vers Ryad.

Au total, selon l'ONU, plus de 730 personnes ont été tuées et plus de 2700 blessées, en majorité des civils, depuis l'escalade du conflit.

A Ryad, le vice-président yéménite en exil Khaled Bahah a exhorté "toutes les forces armées et de sécurité à revenir dans le giron des institutions légitimes de l'Etat", en allusion aux soldats pro-Saleh ralliés à la rébellion. Il a souhaité une action internationale "urgente" pour secourir la population qui souffre d'"une pénurie de vivres et de médicaments" en plus d'un manque d'eau, d'électricité et de carburant.

Il a expliqué la crise par la pauvreté au Yémen, voisin de riches monarchies pétrolières. "Notre position géographique est dans le Golfe, mais notre niveau de vie est voisin de ceux des pays africains les plus pauvres. La faiblesse de nos forces armées est la conséquence de cette situation. On peut acheter leur loyauté avec de l'argent".

Sur le terrain, les raids se sont poursuivis contre des positions des Houthis à Aden (sud) où les rebelles tentent de progresser en direction de la raffinerie de la ville, selon des témoins. De violents affrontements ont éclaté à Taëz, la troisième ville du pays.

Ces combats ouvrent une nouvelle ligne de front pour les Houthis, dont la progression se heurte désormais à de vives résistances dans plusieurs régions du sud du pays.

Dans d'autres violences dans le pays, des combattants de tribus ont pris le contrôle d'un important terminal pétrolier à à Al-Chehr, dans le sud-est, a indiqué une source militaire. Dans la même province du Hadramout, Al-Qaïda au Yémen (AQPA) s'est emparé de l'aéroport de Moukalla.

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