Les membres du Conseil de sécurité ont vivement condamné vendredi les affrontements meurtriers survenus cette semaine sur un site de protection des civils de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et ont appelé les parties à mettre immédiatement fin aux violences.
Dans une déclaration de presse, les membres du Conseil ont condamné dans les termes les plus forts les affrontements entre éléments issus des communautés Shilluk et Dinka, qui ont éclaté du 17 au 18 février dans le site de la MINUSS à Malakal, dans le nord du pays, faisant plus de 18 morts et 50 blessés.
Cette déclaration du Conseil faisait suite aux réactions, la veille, du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et de la MINUSS, qui avaient respectivement condamné ces violences et appelé les parties à ne pas attiser les conflits ethniques au Soudan du Sud.
Le Conseil de sécurité s'est dit particulièrement alarmé par les rapports, jugés crédibles, faisant état de l'irruption à l'intérieur du camp d'hommes en uniformes de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), qui auraient tiré sur des civils, et pillé et incendié des tentes.
Les membres du Conseil ont condamné toutes les attaques et les provocations contre des civils et les Nations Unies par des groupes armés, y compris les soldats de la SPLA. Ils ont en outre rappelé à toutes les parties, et notamment aux forces de sécurité du gouvernement, « le caractère civil des sites de protection des civils » au Soudan du sud.
Le Conseil a appelé toutes les parties au calme et à s'abstenir de tout acte de violence ou de toute provocation susceptibles d'aggraver la situation. Il a demandé au gouvernement du Soudan du Sud d'enquêter rapidement sur cette attaque, avec l'aide de la MINUSS.
Les membres du Conseil ont insisté sur le fait qu'il est de la responsabilité du gouvernement du Soudan du Sud de faire la lumière sur cette attaque et de traduire les coupables en justice.
Le Conseil de sécurité a par ailleurs rappelé que les attaques contre des civils et des locaux des Nations Unies peuvent constituer des crimes de guerre, et que les personnes impliquées pourraient faire l'objet de sanctions.
Le Conseil a réaffirmé son plein appui à la MINUSS et a exhorté toutes les parties à faciliter la liberté de mouvement et l'accès de son personnel.
Cette déclaration a été rendue publique dans la foulée d'une réunion du Conseil de sécurité, le même jour, sur la situation au Soudan du Sud.
Au cours de cette réunion, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l'ONU pour le pays, Moustapha Soumaré, a fait part aux 15 membres de sa vive préoccupation face aux violences commises ces derniers jours à Malakal.
S'exprimant par vidéoconférence depuis la capitale Djouba, M. Soumaré a déclaré que le personnel de la MINUSS est actuellement en train de prendre des mesures pour renforcer la sécurité des lieux.
Le Représentant spécial adjoint a également précisé que la MINUSS a pris contact avec le gouvernement, l'opposition, les forces de sécurité nationales et les communautés locales, pour tenter de traiter des causes profondes de ces incidents et éviter que de nouvelles violences ne surviennent.
M. Soumaré a rappelé que la MINUSS a apporté son soutien aux équipes de vérification du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu. A ce titre, le Représentant spécial adjoint a exhorté le futur gouvernement provisoire d'union nationale à mettre fin aux violences en cours.
Egalement présent à la réunion du Conseil, le Sous-Secrétaire général de l'ONU aux droits de l'homme, Ivan Simonović, a constaté de façon générale l'échec de l'Accord de paix, signé il y a six mois entre les parties.
Déplorant les meurtres de civils, dont certains sont brûlés vifs dans leurs maisons, tandis que leurs moyens de subsistance sont détruits, le Sous-Secrétaire général a mentionné des rapports de la MINUSS et d'experts des droits de l'homme, faisant état de probables violations massives des droits de l'homme et de graves violations du droit international humanitaire commises par les parties au conflit.
M. Simonović a appelé les parties à rompre le cycle de l'impunité et à mettre fin aux violations des droits de l'homme et du droit international. Pour cela, le Sous-Secrétaire général a notamment insisté sur la nécessité de créer des mécanismes de justice transitionnelle, comme le prévoit l'Accord de paix, y compris la commission vérité, réconciliation et apaisement, le tribunal mixte et l'autorité de réparation et d'indemnisation.
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