Les grandes puissances, cherchant à mettre un terme au conflit en Syrie, ont fait adopter vendredi à l'ONU une résolution, appelant à une trêve et à des négociations de paix en janvier. Le texte prévoit également la mise en place d'un gouvernement de transition.
La résolution de quatre pages, qui a fait l'objet d'intenses tractations, a été adoptée à l'unanimité des quinze membres du conseil, y compris la Russie. Ils étaient réunis au niveau des chefs de la diplomatie sous la présidence de l'Américain John Kerry.
Ce texte "envoie un message clair à tous pour dire qu'il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie", a affirmé M. Kerry. Il s'est dit "sans illusions" sur la difficulté de la tâche, mais a salué un "degré d'unité sans précédent" des grandes puissances.
Le texte demande à l'ONU de préparer un mécanisme de supervision du cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien dans un délai d'un mois. La trêve pourra entrer en vigueur "dès que les représentants du gouvernement syrien et de l'opposition auront fait les premiers pas en direction d'une transition politique.
Dans cette optique, le Conseil de sécurité demande au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de réunir les deux parties afin qu'elles entament d'urgence de telles négociations. L'objectif est que ces discussions commencent "au début janvier 2016" et coïncident avec un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien.
Le document précise que la trêve "ne s'appliquera pas aux actions offensives ou défensives" contre les groupes extrémistes comme l'Etat islamique (EI) et le front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
La résolution reprend tous les éléments de la feuille de route mise au point par les grandes puissances lors de leurs réunions en octobre et novembre à Vienne. Une troisième réunion de ce processus de Vienne s'est tenue vendredi dans un grand hôtel de New York en présence des ministres des affaires étrangères de 17 pays.
Outre la rencontre opposition/régime et un cessez-le-feu, la feuille de route de Vienne prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois.
La feuille de route ne dit en revanche rien du sort qui serait réservé dans la transition politique au président Bachar al-Assad, dont les Occidentaux souhaitent le départ contrairement à la Russie. Cette divergence est un des principaux obstacles à un règlement.
Le texte fait aussi une simple référence à "l'utilité de la réunion de Riyad" du 9 au 11 décembre, qui a fédéré une partie de l'opposition syrienne sous la houlette de l'Arabie saoudite, mais que Moscou a vivement critiquée. Les opposants syriens ont en effet accepté de négocier avec le régime de Damas, mais ont exigé le départ de M. Assad dès le début d'une éventuelle transition politique.
La résolution est le fruit de difficiles négociations entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine).
Peu avant le vote, le président des Etats-Unis Barack Obama a réaffirmé que son homologue syrien Bachar al-Assad devait quitter le pouvoir, mais sans préciser à quel moment d'une éventuelle transition politique en Syrie. Il a jugé qu'il n'y aurait pas de paix en Syrie "sans un gouvernement légitime".
Il faut "des garanties" pour s'assurer du départ du président syrien, a pour sa part déclaré à l'ONU le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius peu après l'adoption de la résolution.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a lui répété qu'il n'y a "aucune alternative" à la tenue d'élections pour déterminer l'avenir de M. Assad. Mais de sources diplomatiques, on indique que la Russie a fait savoir qu'elle ne s'opposerait pas à un éventuel départ du chef de l'Etat syrien à la fin de cette période de transition.
La principale coalition de l'opposition syrienne, la coalition nationale syrienne, a d'ores et déjà estimé vendredi que l'objectif de parvenir à un cessez-le-feu au début janvier n'était pas réaliste.
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