Le Conseil de sécurité a adopté vendredi une résolution appelant les parties au conflit au Sahara occidental à des « négociations sans préconditions » et prolongeant de six mois seulement le mandat de sa mission d’observation du cessez-le-feu entre Maroc et Front Polisario.
La résolution a été approuvée par douze voix. Trois pays se sont abstenus, la Chine, la Russie et l’Éthiopie, en accusant les États-Unis, rédacteurs du texte, d’avoir précipité le vote sans donner de temps aux négociations.
« Le texte n’est pas neutre », a dénoncé l’Éthiopie, estimant implicitement qu’il profite au Maroc. « Le texte est déséquilibré », a abondé la Russie tandis que la Chine soulignait que le Conseil de sécurité aurait dû « prendre plus de temps pour négocier ».
La France a jugé que la résolution permettait « de prévenir tout risque d’escalade », les États-Unis expliquant « avoir choisi cette année une approche différente », allant contre un prolongement « comme d’habitude » de la MINURSO. Washington « veut voir des progrès » et des négociations « dans les six mois à venir », a dit la représentante américaine, Amy Tachco.
« Cette résolution conforte la position du Maroc », s’est félicité après le vote l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale.
Le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) arrivait à expiration le 30 avril. La résolution renouvelle jusqu’au 31 octobre la MINURSO (environ 400 personnels pour un budget annuel de 52 millions de dollars).
Six mois, « cela permet d’avoir un levier » pour pousser les parties aux négociations, juge un diplomate européen sous anonymat. C’est « un moyen politique pour avoir une clause de rendez-vous et espérer une reprise du processus politique d’ici là », ajoute-t-il.
Le dernier round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario remonte à 2008.
La résolution demande aux parties au Sahara occidental de « reprendre des négociations […] sans préconditions et de bonne foi » afin de parvenir à une « solution politique mutuellement acceptable » vers « l’autodétermination » de son peuple.
L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, l’ex-président allemand Horst Koehler, a promis au Conseil de sécurité un nouveau round de négociations pour 2018, mais sans donner de dates.
Dans cette perspective, la résolution souligne « l’importance d’un engagement renouvelé des parties à faire avancer le processus politique pour préparer un cinquième round de négociations ».
Visant implicitement l’Algérie, le texte demande aussi « aux États voisins de faire d’importantes contributions pour ce processus » politique et « d’accentuer leur implication dans le processus de négociations ».
Le Maroc réclame depuis longtemps à l’Algérie de s’impliquer directement dans des négociations.
« L’Algérie soutient les droits légitimes du peuple sahraoui », mais le conflit au Sahara occidental n’est « pas une affaire entre l’Algérie et le Maroc », a déclaré début avril le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel. « C’est une affaire entre le Maroc et le peuple sahraoui » et « entre le Maroc et les décisions des Nations unies », avait-il insisté.
Le Front Polisario indépendantiste, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique de 266 000 km2, seul territoire de l’Afrique au statut post-colonial non réglé. Le Maroc rejette toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté.
Concernant des tensions récentes entre le Maroc et le Polisario, le premier reprochant au second des violations du cessez-le-feu, la résolution « exprime sa préoccupation face à une présence du Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et appelle à son retrait immédiat ». Elle charge le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’oeuvrer pour faire retomber ces tensions.
Le Maroc a pris en 1975 le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental au départ de la puissance colonisatrice espagnole. Le Polisario, qui luttait contre la domination espagnole, y a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique (RASD) et combattu les troupes marocaines, jusqu’à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU.
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