A la fin de sa troisième visite au Mali, l'expert indépendant des Nations Unies Suliman Baldo a déclaré vendredi qu'il ne fallait pas que la primauté du droit soit remplacée par des arrangements politiques qui se font au détriment des victimes des violations graves des droits de l'homme survenus depuis le début de la crise.
« Les progrès observés au cours de ma deuxième mission en février 2014 dans le domaine du renforcement de l'autorité de l'Etat, du redéploiement de l'administration dans le nord et de la lutte contre l'impunité ont été remis en question suite aux évènements de mai 2014 à Kidal », a affirmé l'expert indépendant.
Au cours de sa visite de dix jours, du 7 au 17 octobre, M. Baldo, qui a pris ses fonctions d'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali le 1er août 2013, a rencontré divers acteurs et responsables. Il a également visité des centres de détention mais n'a pas pu se rendre dans le nord du pays pour des raisons de sécurité.
« Les mouvements armés, y compris les groupes terroristes, reprennent progressivement le contrôle du nord du pays et pour la première fois les contingents de la Mission des Nations Unies (MINUSMA) sont pris pour cible par les groupes djihadistes. Cette situation extrêmement préoccupante éloigne les acteurs humanitaires des populations du nord qui sont ainsi privées de l'accès aux services sociaux de base», a-t-il déclaré. « Des mesures humanitaires d'urgence visant à alléger les souffrances des populations du nord doivent être adoptées par les acteurs politiques réunis à Alger afin de faciliter l'accès des acteurs humanitaires aux populations et d'assurer leur droit à la sécurité, à la santé, à l'éducation et à l'accès à l'eau potable».
L'expert indépendant a également lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle renforce les capacités de la MINUSMA et du gouvernement du Mali afin de sécuriser les nord du pays et de stopper la prolifération des armes et des milices et autres groupes d'autodéfense.
« La fragilité de la situation sécuritaire dans le nord pousse de nombreux groupes, constitués le plus souvent sur une base identitaire, à acquérir des armes pour assurer la défense de leurs communautés. Dans un contexte marqué par des tensions inter et intra-communautaires, qui sont parfois instrumentalisées par les acteurs politiques et sécuritaires, le risque de violation grave des droits de l'homme sur la population civile est particulièrement préoccupant », a dit M. Baldo.
Concernant la Commission nationale des droits de l'homme, l'expert a salué les efforts du gouvernement visant à reformer la commission et la rendre conforme aux standards internationaux. Il a également noté avec satisfaction les efforts en cours portant sur la mise en place des cellules d'écoute juridique afin d'accélérer la procédure judiciaire concernant les crimes commis dans le nord du pays.
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