Les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont répété vendredi leurs appels au calme et à des élections équitables au Burundi mais sans se prononcer sur la validité du troisième mandat que sollicite le président sortant.
Les pays membres appellent toutes les parties à s'abstenir de toute violence et à dialoguer, soulignant la nécessité d'organiser un processus électoral crédible, transparent, pacifique et sans exclusive, a déclaré la présidente du Conseil, l'ambassadrice de Lituanie Raimonda Murmokaité, à l'issue de consultations à huis clos.
Les 15 pays réaffirment aussi la nécessité de respecter les libertés fondamentales d'opinion et de rassemblement.
Interrogée sur la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, elle a reconnu que les pays membres (du Conseil) pris individuellement ont des opinions différentes à ce sujet et que le Conseil ne peut donc pas se prononcer. Selon elle, les consultations ont surtout porté sur l'escalade de la violence au Burundi.
La Russie a bloqué de précédentes tentatives du Conseil de prendre position sur ce troisième mandat, son ambassadeur Vitali Tchourkine arguant que le Conseil ne devait pas s'immiscer dans les affaires constitutionnelles d'un Etat souverain.
Pierre Nkurunziza a officiellement déposé vendredi sa candidature à un troisième mandat, malgré la protestation de la rue et la pression croissante de la communauté internationale.
Des opposants réunis dans le Collectif contre le troisième mandat ont décrété une journée de trêve samedi.
L'ambassadrice américaine Samantha Power a réaffirmé devant la presse que les Etats-Unis considéraient cette candidature comme illégitime, exhortant président et gouvernement burundais à condamner la violence et à lancer un appel à la retenue.
Le Burundi est en train de s'enfoncer dans la violence et les troubles, a-t-elle averti. Des armes se retrouvent entre les mains de gens qui ne sont pas affiliés aux forces de sécurité, une allusion à des distributions d'armes aux jeunes du parti au pouvoir.
Ces informations sont extrêmement inquiétantes, a-t-elle jugé en agitant la menace de sanctions américaines ciblées contre les fauteurs de troubles.
Avant les consultations, demandées par la France, les ambassadeurs des 15 pays ont entendu un exposé de la situation faite par vidéoconférence par Saïd Djinnit, l'envoyé spécial de l'ONU sur place.
Selon l'ambassadrice lituanienne, M. Djinnit a indiqué que les conditions ne sont pas propices à des élections et qu'il y a des discussions sur place sur l'éventualité de les reporter plus tard en juin.
Selon des diplomates présents, M. Djinnit a souligné que les discussions informelles entre opposition et gouvernement, qui piétinent, se sont focalisées sur la question du troisième mandat du président.
Selon M. Djinnit, la communauté d'Afrique de l'Est exige que le président confirme publiquement que son troisième mandat sera le dernier, qu'il garantisse un espace politique pour l'opposition et traite la question des réfugiés. Selon l'ONU, 50.000 Burundais ont déjà fui vers les pays voisins.
Cette communauté (Burundi, Tanzanie, Rwanda, Kenya, Ouganda) prépare une réunion spéciale le 13 mai en Tanzanie pour discuter de cette crise, a ajouté l'envoyé spécial.
Le Burundi, surtout sa capitale Bujumbura, est depuis le 26 avril le théâtre de manifestations émaillées de heurts parfois violents opposant les manifestants hostiles à un troisième mandat à la police et aux jeunes du parti présidentiel, qui ont déjà fait 18 morts.
Les opposants à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, le jugent inconstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006).
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