Des dizaines de Soudanais ont manifesté vendredi à Khartoum contre des réformes adoptées récemment par le gouvernement de transition et qu'ils jugent anti-islamiques.
Le 10 juillet, le gouvernement de transition -arrivé au pouvoir après la chute de l'ex-président Omar el-Béchir- a adopté une série d'amendements abolissant la peine de mort pour apostasie, criminalisant l'excision et autorisant les non-musulmans à importer, vendre et consommer de l'alcool pour la première fois depuis 1983.
Cette dernière mesure ne s'applique pas aux Soudanais musulmans qui représentent 97% des quelque 40 millions d'habitants du pays, selon les chiffres officiels.
La semaine dernière, le ministre de la Justice Nasreddine Abdelbari a également annoncé que la conversion à une autre religion que l'islam serait décriminalisée.
Le Premier ministre Abdallah Hamdok a lui salué sur Twitter l'adoption de ces amendements comme une "étape importante dans la réforme de l'institution judiciaire".
"Nous ne remplacerons pas la loi divine", "Hamdok: Khartoum n'est pas New-York", ont scandé les manifestants, descendus dans les rues du nord et de l'est de la ville, après la prière collective du vendredi.
"Non aux amendements contraires à la charia (loi islamique)", pouvait-on aussi lire sur certaines banderoles.
Les forces de sécurité ont bloqué les grandes avenues de la capitale ainsi que les ponts reliant le centre de Khartoum à sa ville jumelle Oumdourman, sur la rive opposée du Nil blanc.
Arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d'Etat soutenu par les islamistes, Omar el-Béchir a encouragé une stricte pratique de l'islam dans le pays. Il a été destitué en avril 2019, quatre mois après le début d'un mouvement de contestation populaire déclenché par le triplement du prix du pain.
A l'initiative de cette réforme judiciaire, le gouvernement de M. Hamdok, formé en août 2019 après un accord entre l'armée et l'opposition, a pour mission d'accompagner le Soudan dans sa transition politique durant trois ans.
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