Deux gouvernements pour le prix d'un

03/03/2022
Deux gouvernements pour le prix d'un

Le Premier ministre libyen désigné par le Parlement, Fathi Bachagha

Le Premier ministre libyen désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, contesté par le titulaire actuel du poste, a accusé ce dernier d'entraver la prestation de serment du nouveau gouvernement prévue jeudi à Tobrouk, dans l'est du pays.

La Libye s'est retrouvée avec deux gouvernements rivaux après que le Parlement a approuvé mardi un nouvel exécutif dirigé par M. Bachagha, un ex-ministre de l'Intérieur défiant le cabinet en place dirigé par Abdelhamid Dbeibah qui refuse de céder le pouvoir avant la tenue d'élections.

La prestation de serment de la nouvelle équipe devait avoir lieu jeudi devant le Parlement à Tobrouk mais M. Bachagha a accusé son rival d'empêcher ses membres de s'y rendre.

"Nous avons reçu des informations selon lesquelles le gouvernement sortant a abusé de son pouvoir (...) en fermant complètement l'espace aérien", a affirmé M. Bachagha dans une lettre adressée au Procureur général, datée de mercredi. "Ceci est une violation flagrante du droit de circulation garanti par la Constitution et une atteinte contre les autorités (..) qui sont empêchées de remplir leurs missions", selon cette lettre dont une copie a été transmise à l'AFP par le service de presse de M. Bachagha.

Par ailleurs, la chaîne de télévision locale Libya al-Ahrar, citant "des sources proches" de M. Bachagha a indiqué jeudi que deux membres du gouvernement désigné avaient été "détenus" à Tripoli par "un groupe armé", sans préciser lequel. Il s'agirait de Hafed Gaddour, désigné aux Affaires étrangères, et de Saleha al-Toumi, nommée à la Culture, qui "ont été arrêtés alors qu'ils se rendaient par la route à Tobrouk pour prêter serment", selon la chaîne.

Lors d'un vote qui a suscité de vives protestations sur son irrégularité, le Parlement siégeant à Tobrouk (Est) a accordé mardi sa confiance au cabinet de M. Bachagha.

Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par M. Dbeibah, a dénoncé une "fraude évidente dans le décompte des voix" et affirmé que "le quorum nécessaire pour accorder la confiance n'a pas été atteint".

Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l'Est et à l'Ouest, la Libye se retrouve de fait avec deux gouvernements rivaux, comme elle l'avait été entre 2014 et 2021 durant la guerre civile.