La situation ne peut changer "qu'en établissant un nouveau régime dans le pays, qui puisse gagner la confiance du peuple soudanais", estiment ces formations dans un communiqué conjoint en anglais rendu public au cours d'une conférence de presse à Khartoum.
Depuis le 19 décembre, les manifestations ont gagné plusieurs villes y compris la capitale Khartoum, après une hausse du prix du pain, passé mi-décembre d'une livre soudanaise (1 centime d'euro) à trois en plein marasme économique.
La contestation s'est vite transformée en un mouvement contre le régime du président Béchir, lequel s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat en 1989. Durant les premiers jours du soulèvement populaire, des bâtiments et des bureaux du parti du Congrès national, au pouvoir, ont été incendiés par les manifestants.
Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées, selon un bilan officiel. L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a fait état de 37 morts.
Les forces anti-émeutes ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène notamment, alors que les services de sécurité ont arrêté plusieurs leaders et militants de l'opposition.
Le 28 décembre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait appelé les autorités soudanaises à "mener une enquête approfondie sur les morts et la violence" et souligné la nécessité de "garantir la liberté d'expression et de rassemblement pacifique".
Sur les violences meurtrières enregistrées au cours des manifestations, "le président Omar el-Béchir a ordonné la création d'une commission d'enquête présidée par le ministre de la Justice pour se pencher sur les événements des derniers jours", a indiqué de son côté l'agence officielle Suna, citant un décret présidentiel.
Le Soudan est confronté à une crise monétaire aiguë et une inflation galopante, en dépit de la levée par les Etats-Unis de leur embargo commercial en octobre 2017.
Une décision qui ne les a pas empêchés de garder le Soudan sur la liste des pays soutenant le "terrorisme" et les banques étrangères, tout comme les investisseurs étrangers, restent frileux vis-à-vis du pays, déchiré par des décennies de conflits.
Amputé des trois-quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l'inflation s'établir à près de 70% annuellement, tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain.
Les pénuries de pain et de carburant touchent plusieurs villes.
Le 1er janvier 2019, 22 formations politiques, y compris certaines proches du gouvernement, ont appelé à l'établissement d'un "nouveau régime" au Soudan.
"Le régime de Béchir n'est pas en mesure de surmonter la crise, en raison de son isolement politique, économique, régional et international", indique un communiqué de ces formations.
Ces formations, qui ont pris part à un processus de dialogue national lancé par le président Béchir en 2014 pour tenter de régler les problèmes politiques et économiques du Soudan, ont appelé à la mise en place d'un nouveau "gouvernement de transition (...) qui convoquerait des élections pour rétablir la démocratie et les libertés publiques".
Pour tenter de calmer le jeu, le gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Khair al-Zubair, a déclaré au cours d'une conférence de presse que la banque chercherait à réduire l'inflation à 27% en 2019 en augmentant la production de produits de première nécessité, comme le blé, le pétrole et le sucre.
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