Le chef du gouvernement tunisien Elyes Fakhfakh a averti jeudi que l'économie de son pays, fragilisée davantage par la pandémie de Covid-19, devrait se contracter de 6% en 2020, déplorant la faillite de "toutes les sociétés publiques". "Le prochain combat est le sauvetage de l'Etat!", a-t-il martelé lors d'une audition au Parlement consacrée à son bilan après 100 jours au pouvoir.
M. Fakhfakh a dit tabler sur un taux de croissance du PIB historiquement bas (-6%), soulignant que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale tablaient eux sur une récession de 6,8%. Un taux si bas "n'a jamais été enregistré en Tunisie même lors de la révolution" en 2011, lorsque l'instabilité suivant la destitution de Zine el Abidine Ben Ali avait mis à mal l'économie.
Selon M. Fakhfakh, la pandémie a eu des répercussions sur des secteurs vitaux pour le pays, comme le tourisme ou le prêt-à-porter, entraînant la perte de 130.000 emplois, qui s'ajoutent aux 630.000 chômeurs. "Cela veut dire une baisse dans les ressources de l'Etat (...) de plus de 5 milliards de dinars" (1,6 milliard d'euros), a-t-il souligné, ajoutant que la situation avant la crise du coronavirus était déjà "très mauvaise" et que les "citoyens en avaient conscience".
L'endettement de la Tunisie "a atteint un niveau effrayant", soit 92 milliards de dinars (environ 30 milliards d'euros), a souligné M. Fakhfakh. La seule dette extérieure du pays "a dépassé la ligne rouge" en atteignant 60% du PIB et ne doit plus augmenter, a-t-il déclaré. En 2013, ce taux d'endettement ne dépassait pas les 30%, a-t-il rappelé.
Selon le Premier ministre "toutes les sociétés publiques sont en faillite" y compris celles exploitant des ressources naturelles comme le phosphate. Il n'a toutefois pas évoqué de privatisation ni donné de précisions sur la poursuite de leur activité.
Face aux "régions qui souffrent et qui bougent", comme celle de Tataouine (sud) où une contestation a éclaté pour réclamer emplois et investissements promis en 2017, M. Fakhfakh a dénoncé les mesures inefficaces prises par le passé qui ne sont que des "calmants" pour des maux persistants. "On ne peut pas continuer comme ça", a-t-il lancé.
Dix ans après la révolution, les Tunisiens n'ont pas vu d'amélioration de leur niveau de vie et les inégalités restent criantes. Le pays continue par ailleurs de s'appuyer largement sur les bailleurs de fonds internationaux, européens notamment.
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