Rwanda : des institutions fortes et non des hommes forts

05/06/2015
Rwanda : des institutions fortes et non des hommes forts

Paul Kagame et John Kerry

Les Etats-Unis sont opposés à un éventuel troisième mandat du président rwandais Paul Kagame à l'issue de la présidentielle de 2017, a affirmé vendredi un diplomate américain, conformément à la position traditionnelle de Washington sur une limite constitutionnelle à deux mandats.

Nous sommes engagés à soutenir une transition pacifique et démocratique en 2017 vers l'élection d'un nouveau dirigeant par le peuple rwandais, a expliqué un responsable du département d'Etat.

La Constitution rwandaise, adoptée en 2003, limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit donc en l'état à Paul Kagame, élu en 2003 et 2010, de se représenter une troisième fois.

Or le parlement doit débattre entre le 5 juin et le 4 août d'une éventuelle réforme de la Constitution pouvant lui permettre de se représenter en 2017, en réponse à une demande populaire, selon des responsables rwandais.

Washington soutient depuis longtemps Kagame, 57 ans, ancien chef des rebelles tutsis dans la guerre civile qui s'est terminée en 1994 par un génocide perpétré par les extrémistes hutus.

Les Etats-Unis pensent que la démocratie s'améliore avec des institutions fortes et non des hommes forts, a plaidé le responsable diplomatique.

Changer les constitutions pour supprimer les limites sur le nombre de mandats et favoriser ainsi les titulaires contredit les principes démocratiques et réduit la confiance dans les institutions démocratiques, a-t-il ajouté.

Les responsables rwandais nient que Kagame soit derrière cette proposition de réformer la Constitution, et expliquent qu'il s'agit de répondre à une demande de ses partisans.

Mais des décisions similaires dans d'autres pays africains ont entraîné des violences.

L'an dernier, l'ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaore, a été chassé du pouvoir après avoir tenté d'y rester.

Et le Burundi, voisin du Rwanda, est le théâtre depuis des semaines de manifestations sanglantes et d'une tentative de coup d'Etat après l'annonce, par l'actuel président Pierre Nkurunziza, qu'il briguait un troisième mandat.

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