Au moins 17 personnes sont mortes dans des violences lundi à Kinshasa avant une manifestation d'opposition. Le bilan est "provisoire", selon le ministre de l'Intérieur congolais, Evariste Boshab.
Du côté des civils, 14 personnes ont été tuées parmi "les pillards", alors que du côté des autorités, trois policiers ont perdu la vie, dont un "brûlé vif", selon les propos que M. Boshab a tenu lundi lors d'une conférence de presse dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
Plus tôt dans la journée suite à l'annonce du décès deux policiers, la manifestation d'opposition avait été annulée. Réuni autour de l'opposant Etienne Tshisekedi, un "rassemblement" des principaux partis d'opposition a appelé à manifester lundi dans tout le Congo pour signifier au président Joseph Kabila son "préavis", trois mois avant l'expiration de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation de la présidentielle avant cette date.
A Kinshasa, la manifestation devait commencer à 13h00, mais plusieurs heurts ont opposé des jeunes armés de pierres à la police antiémeute dans la matinée à Limete, quartier où l'UDPS - le parti d'Etienne Tschisekedi - a son siège.
Les autorités ont dénoncé plusieurs pillages et incendies criminels ayant visé des permanences de formations politiques de la majorité.
Très véhéments, des groupes de quelques dizaines à plusieurs centaines de jeunes ont affronté des policiers antiémeutes en lançant en français ou en lingala des "Kabila akende" (Kabila dégage !) ou "Kabila doit partir".
A Limete et près du Palais du peuple (Parlement), la police a répliqué aux jets de pierre à coups de grenades lacrymogènes.
Selon des sources de sécurité privées, il y a eu quelques pillages épars dans des quartiers sud de la capitale ayant visé des agences bancaires ou des magasins tenus par des Chinois. De source diplomatique, on signalait des échauffourées en "divers endroits" dans ces zones. Le calme semblait revenir en milieu d'après-midi.
Joseph Kabila, 45 ans, est arrivé au pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila. La Constitution congolaise lui interdit de se représenter, mais il ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir.
Alors que la présidentielle apparaît impossible à tenir dans les temps, le "rassemblement" constitué autour de M. Tshisekedi refuse le "dialogue national" en cours à Kinshasa entre la majorité et une partie de l'opposition.
Ce forum est censé déboucher sur un "accord politique" de sortie de crise et ouvrir la voie à des élections "apaisées" mais retardées.
Il devait s'achever samedi, mais les négociateurs ne sont pas encore parvenus à s'entendre sur tous les points à l'ordre du jour, et le travail sur le calendrier des élections devait reprendre lundi.
Habituée aux violences à caractère politique, Kinshasa avait des airs de ville morte lundi.
Dans plusieurs quartiers, les écoles étaient désertées par les élèves, les parents préférant les garder à la maison. De nombreuses boutiques étaient fermées, la circulation était presque inexistante. Faute de clients, quelques taxis (peu nombreux) cassaient leur prix.
Une atmosphère semblable régnait à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays, où des soldats sont venus renforcer en masse la police autour des principaux bâtiments publics et dans les quartiers réputés acquis à l'opposition.
A Bukavu (est), quelque 300 personnes manifestaient à la mi-journée pour demander le "respect de la Constitution" avec des urnes en toile pour dire que la tenue de la présidentielle dans le délai est encore possible.
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