Les Centrafricains ont commencé à voter dimanche pour choisir un président qui devra sortir le pays de trois ans de violences intercommunautaires. Ils ont le choix entre les deux anciens Premiers ministres Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra.
Quelque deux millions d'électeurs sont appelés à départager les deux candidats à la magistrature suprême, qui se sont affrontés lors d'un débat télévisé vendredi soir, une première dans le pays. "C'est un choix crucial, le futur président va reconstruire notre pays, nous attendons beaucoup de lui", a déclaré un habitant de Bangui, à la veille du vote qui a débuté à 06h00 dimanche matin.
Dans ce pays de 4,8 millions d'habitants, les électeurs, chrétiens comme musulmans, se sont massivement inscrits sur les listes électorales. Mais dans les rues de la capitale Bangui, rares sont ceux qui osent un pronostic pour dire lequel des deux finalistes, sur 30 candidats au départ, va l'emporter au second tour.
Pour les deux technocrates aux promesses assez similaires, les priorités s'imposent d'elles-mêmes pour relever un pays ravagé par trois années de violences: sécurité, justice et relance de l'économie.
Le renversement du président François Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane Séléka de Michel Djotodia, avait précipité le pays dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement de centaines de milliers de personnes.
L'opération militaire française Sangaris, qui a chassé la Séléka du pouvoir, puis la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) tentent depuis de ramener le calme dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde.
M. Dologuélé, bien implanté dans le milieu des affaires, faisait dès le premier tour le 30 décembre, figure de favori, surtout avec le ralliement en sa faveur du parti KNK de M. Bozizé. Il avait obtenu 23,78% des voix. M. Touadéra (19,42%), qui dispose de moins de moyens, a créé la surprise et est considéré comme un très sérieux concurrent. Dernier Premier ministre de M. Bozizé, il a attiré une partie de la base électorale du KNK, en dépit des directives du parti.
Chacun des deux adversaires compte des appuis politiques de poids. M. Dologuélé a obtenu le ralliement de Désiré Nzanga Kolingba, troisième au premier tour (12,04%). Quant à M. Touadéra, il compte le plus grand nombre de soutiens avec outre le quatrième, Martin Ziguélé (11,43%), 21 des 30 candidats en lice en décembre.
L'autre enjeu majeur de ce scrutin sera l'organisation d'un nouveau premier tour pour les élections législatives, tenu en même temps que la présidentielle, mais dont les résultats ont été annulés en raison de trop nombreuses irrégularités.
La Cour constitutionnelle avait invalidé ce scrutin en janvier dans la quasi-totalité des 140 circonscriptions en raison de l'absence de bulletins de vote, de listes électorales, de cartes d'électeurs, de procès-verbaux de bureaux, de votes inexploitables et de fraudes... Les irrégularités n'avaient pas manqué.
Dans les bureaux où il y a eu le plus de problèmes, plusieurs centaines d'agents ont été remplacés par des enseignants, des cadres de la fonction publique ou des retraités sélectionnés, selon une source de la Minusca chargée de l'appui au processus électoral.
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