Le naira a plongé lundi de près de 30% face au dollar, après la décision du gouvernement nigérian de laisser flotter la devise après des mois de taux fixe.
Les échanges ont démarré ce matin. L'ensemble des 24 banques commerciales y participent. L'offre est de 249 à 265 nairas pour un dollar, a indiqué à un courtier du marché des changes.
Selon les experts, le naira devrait se stabiliser à 250 pour un dollar - contre 350 au marché noir.
La chute des cours mondiaux du pétrole, qui compte pour environ 70% des revenus de l'Etat et 90% des réserves de devises étrangères du Nigeria, a plongé la première économie d'Afrique dans une crise économique et financière sans précédent.
Dans un pays dépendant très largement des exportations de brut, les devises étrangères se sont mises à manquer, entraînant une chute du naira au marché noir. Mais les autorités avaient décidé, depuis mars 2015, de maintenir le taux de change officiel à 197-199 nairas pour un dollar. Le président Muhammadu Buhari considérait jusqu'ici qu'une dévaluation tuerait le naira.
Le gouverneur de la Banque Centrale (CBN), Godwin Emefiele, a finalement annoncé la semaine dernière avoir l'intention d'autoriser, à partir de lundi, la dévaluation du naira, avec un taux de change purement dicté par le marché.
Une mesure applaudie par la plupart des chefs d'entreprise, estimant qu'elle va attirer des investissements étrangers dont le pays a grandement besoin, et stimuler l'activité économique du pays -et notamment favoriser les importations-, au ralenti à cause du manque de devises étrangères.
L'abandon du taux de change fixe va permettre de réduire la spéculation et la thésaurisation de dollars, a estimé Tope Oluwaleye, de la Chambre nigériane de Commerce, d'Industrie, des Mines et de l'Agriculture.
L'économie, étranglée à cause de la pénurie de devises étrangères, va pouvoir être ranimée, des emplois vont être créés et la productivité va augmenter. Cela permettra, à long terme, de faire remonter le naira, a poursuivi M. Oluwaleye.
Selon Princess Vicky Haastrup, la présidente de l'association des opérateurs du port de Lagos (STOAN), les importations ont chuté de près de 50% à cause du manque de devises étrangères, et l'activité du port a été considérablement réduite au premier semestre 2016.
Cette nouvelle mesure va avoir un impact positif sur l'économie nigériane s'est-elle réjouie.
Abolaji Odumesi, ancien banquier à la tête d'une entreprise de distribution de boissons à Lagos, reconnaît que cette mesure va booster les investissements. Mais il craint les effets à court terme de la dévaluation du naira, dans un pays qui importe la grande majorité de ses biens de consommation courante.
L'impact immédiat, pour la population, c'est la hausse des prix des biens et des services, comme on ne produit rien dans ce pays. Avec la dévaluation, les prix des importations vont augmenter, a-t-il prévenu.
L'inflation a déjà atteint son plus haut niveau en six ans, de 15,6% en mai.
Les médias nigérians ont affirmé lundi que les industriels et les importateurs sont dans l'attente de quatre milliards de dollars (3,5 milliards d'euros).
La CBN compte remettre à zéro toutes les demandes de devises étrangères en attente dans le pays à travers des paiements au comptant ou à terme, a précisé le porte-parole de cette organisation, Isaac Okorafor, lundi.
La bourse nigériane a réagi à cette mesure de façon positive, avec un bond de 7,4% dans les trois jours qui ont suivi l'annonce, mercredi dernier, après deux jours consécutifs dans le rouge.
Elle avait fermé à 0,47% lundi et 0,26% mardi, les investisseurs attendant de voir quelles mesures allaient être annoncées.
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