Le comptage des voix a commencé samedi soir au Nigeria, dans un calme relatif, malgré 16 personnes tuées dans des violences et des bureaux de vote saccagés dans quelques États et le pays devrait connaître son nouveau président dans les prochains jours.
Dans ce pays de 190 millions d'habitants, où les violences sont quotidiennes et où de nombreuses régions sont en proie aux groupes criminels, notamment en période électorale, un bilan de 16 morts reste assez bas et les défis logistiques sont immenses.
Le groupe de surveillance de la société civile Situation Room a recensé 16 morts dans 8 États, dont six morts dans le seul État de Rivers (sud-est).
Situation Room évoque des « problèmes logistiques » (retard d'ouvertures des bureaux de votes, problèmes avec les lecteurs de cartes électroniques, achats de voix...) et se dit « déçu » par les manquements de la Commission électorale (INEC), qui avait déjà reporté in extremis les élections d'une semaine.
Festus Okoye, porte-parole de l'INEC, a assuré que 92,6 % des bureaux de vote avaient été ouverts et que les élections se dérouleraient dimanche dans les zones où elles n'ont pu avoir lieu pour des raisons logistiques.
Environ 72 millions d'électeurs enregistrés étaient attendus dans près de 120 000 bureaux de vote pour élire un président, 360 députés et 109 sénateurs, après le report in extremis des élections, qui devaient se tenir samedi dernier, pour des raisons logistiques.
« Jusqu'ici tout va bien », a déclaré le président sortant Muhammadu Buhari, en lice pour un deuxième mandat, après avoir voté dans sa ville natale de Daura (État de Katsina), dans l'extrême nord musulman du pays.
« Bientôt je me féliciterai de ma victoire. Je serai le vainqueur », a déclaré, confiant, le chef de l'État, 76 ans, après avoir surveillé d'un oeil indiscret pour qui avait voté son épouse Aisha Buhari.
Son principal adversaire, l'opposant Atiku Abubakar, 72 ans, est arrivé peu de temps après dans un bureau de vote de Yola, dans l'État d'Adamawa (nord-est).
À un journaliste qui lui demandait s'il accepterait les résultats du vote en cas d'échec, Abubakar a répondu : « Je suis un démocrate ».
Les violences électorales ont fait 233 morts depuis octobre, selon le cabinet de surveillance SBM Intelligence.
Après cette éprouvante semaine qui a suivi le report du scrutin, la tension était montée d'un cran dans le pays le plus peuplé d'Afrique, qui est également sa première économie et un des plus importants producteurs de pétrole au monde.
Pourtant, malgré les 2 millions de barils de pétrole produits chaque jour, 87 millions de Nigérians vivent dans l'extrême pauvreté.
Le vainqueur de ce scrutin devra redynamiser l'économie en berne depuis la récession de 2016-2017, lutter contre la corruption endémique et sécuriser de nombreuses régions du pays, en proie aux groupes armés ou gangs criminels.
Le nord-est du Nigeria est dévasté par près de 10 ans de conflit contre Boko Haram, qui a d'ailleurs lancé une douzaine de roquettes avant l'ouverture des bureaux de vote sur Maiduguri, la capitale de l'État du Borno, faisant un mort et 20 blessés au sein de l'armée nigériane.
L'ancien général Buhari, 76 ans, candidat du Congrès des Progressistes (APC), avait été élu en 2015 sur la promesse d'éradiquer le groupe djihadiste.
Mais bien que son bilan sécuritaire soit très mitigé et que plus de 1,8 million de personnes ne puissent toujours pas regagner leur foyer à cause des violences, il garde un très fort soutien, quasi fanatique, dans le nord du pays.
Il pourrait bénéficier de l'explosion démographique dans cette région où l'extrême pauvreté est endémique et le taux d'alphabétisation très faible.
L'ancien vice-président Atiku Abubakar, 72 ans, également originaire du Nord (État de l'Adamawa), a fait carrière dans le Sud chrétien, particulièrement à Lagos, et reste le candidat des classes moyennes et supérieures qui votent traditionnellement peu.
C'est aussi un homme d'affaires millionnaire, ce qui lui vaut de lourds soupçons sur l'origine de sa fortune, mais une plus grande confiance sur les questions économiques.
Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur devra obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25 % des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération auxquels s'ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Sinon un second tour aura lieu dans une semaine.
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