La Cour suprême du Liberia a annoncé vendredi qu'elle rendrait la semaine prochaine sa décision sur les recours de candidats arrivés derrière l'ex-star du foot George Weah au premier tour de l'élection présidentielle le 10 octobre.
Le second tour, prévu initialement le 7 novembre entre George Weah et le vice-président sortant Joseph Boakai, a été reporté sine die par la Cour suprême qui avait enjoint la Commission électorale d'examiner d'abord le recours du candidat arrivé en troisième position, avec 9,6% des voix, Charles Brumskine, auquel s'est joint M. Boakai.
"La Cour suprême rendra sa décision d'ici jeudi", a déclaré le président de la haute juridiction, Francis Korkpor, à la clôture des débats vendredi après-midi. La prochaine audience la semaine prochaine sera donc consacrée à l'annonce de l'arrêt de la Cour.
"Nous restons optimistes dans l'attente de la décision finale. C'est l'Etat de droit et la Cour suprême est l'instance de décision ultime", a déclaré sur place aux journalistes Darius Dillon, un dirigeant du parti de la Liberté, la formation de M. Brumskine.
"La Cour suprême conduira vendredi les audiences finales entre le parti de la Liberté et le parti de l'Unité (de M. Boakai, NDLR) d'une part, et la Commission électorale de l'autre. La décision finale sera rendue lundi", avait initialement annoncé la plus haute juridiction du pays dans un communiqué.
La Commission électorale nationale (NEC) ayant définitivement rejeté le 24 novembre leur demande d'annulation du vote du 10 octobre, MM. Brumskine et Boakai ont saisi lundi la Cour suprême, comme ils l'avaient annoncé.
La NEC a jugé que les plaignants n'avaient pas apporté la "preuve irréfutable" que le vote avait été entaché de fraudes, faisant état d'erreurs matérielles sans conséquence sur le résultat final et corrigées par la suite.
Dans leur recours devant la Cour suprême, les candidats dénoncent de nouveau "des fraudes massives et des irrégularités flagrantes", et arguent de "nombreuses erreurs" dans la décision de la NEC.
Les observateurs internationaux ont jugé le déroulement du vote largement crédible, malgré des problèmes d'organisation et de longs retards relevés dans ce scrutin pour désigner le successeur d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d'un Etat africain.
L'imbroglio juridico-électoral fait peser des incertitudes sur la première transition démocratique depuis trois générations dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest de 4,7 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde, ravagé de 1989 à 2003 par l'une des plus atroces guerres civiles du continent, qui a fait quelque 250.000 morts.
Si la Cour fait droit au recours, la NEC devra organiser une nouvelle élection dans un délai de 60 jours. A contrario, si elle le rejette, un second tour devra se tenir, nécessairement un mardi, selon la Constitution.
Or, le mandat présidentiel débute le troisième lundi ouvré de l'année suivant l'élection, ce qui laisse peu de temps pour tenir les délais constitutionnels, quelle que soit la décision de la Cour suprême.
Mme Sirleaf, accusée par M. Brumskine et son propre vice-président, M. Boakai, d'avoir pesé sur les résultats, notamment en rencontrant à son domicile des responsables de NEC, a estimé le 7 novembre que "la démocratie était attaquée" au Liberia, exhortant la classe politique à se ressaisir.
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