Les pays africains préparent déjà l'après-Ebola

12/10/2014
Les pays africains préparent déjà l'après-Ebola

Sierra-Leone : l'économie est en passe de s'éffondrer

Les trois pays les plus durement touchés par l’épidémie de fièvre Ébola en Afrique de l’Ouest sont en train d’élaborer un plan de redressement pour l’après-crise, a déclaré le ministre des Finances de Sierra Leone, Kaifala Marah.

Lors d’une conférence de presse tenue samedi à Washington en marge de l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, il a déclaré qu’il avait récemment rencontré les ministres des Finances de Guinée et du Libéria pour discuter d’une stratégie pour l’après-épidémie.

«Nous avons décidé de mettre au point une stratégie globale que nous partagerons avec nos partenaires, tant bilatéraux que multilatéraux», a dit M. Marah, en ajoutant que les trois ministres avaient décidé de «mettre à profit les stratégies nationales pour s’entraider».

M. Marah a rappelé que, grâce à la vigueur de son secteur minier, la Sierra Leone avait été ces dernières années l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. «Pour cette année, notre taux de croissance allait être de 11,3 %, nous avions de bons résultats et nos paramètres macroéconomiques fondamentaux étaient solides. Nous faisions des progrès dans le domaine des routes, de l’énergie, du tourisme et de l’agriculture.»

Les flux d’investissements extérieurs étaient aussi soutenus, car le pays attirait les grandes sociétés. Le gouvernement envisageait même de rapprocher la date du passage au statut de pays à revenu intermédiaire, aujourd’hui fixée à l’année 2035.

«Puis la crise Ébola nous est tombée dessus en mai, et tout s’est inversé, a déclaré M. Marah. Avec l’épidémie d’Ébola, j’ai pris conscience et j’ai commencé à comprendre que la fragilité s’autoperpétue, car si nous avions eu les bonnes infrastructures, les bonnes institutions et les bonnes capacités humaines pour affronter la crise, nous n’aurions pas autant souffert.»

M. Marah a expliqué que les sociétés minières réduisaient leurs opérations en Sierra Leone et que les activités manufacturières avaient diminué. «Le cacao et le café, qui constituent 90 % des exportations agricoles, sont aussi au plus bas désormais, car les gens ont abandonné leurs fermes — tout le monde prend la fuite devant le virus Ébola. La situation est aussi difficile dans le secteur de la construction, parce qu’un grand nombre d’entrepreneurs ont abandonné les chantiers.

«Le tourisme a chuté de 50 à 60 %. Le trafic aérien est en passe de stagner et d’étouffer toute la sous-région. Nous nous retrouvons isolés. Que cela soit ou non la meilleure stratégie ou pratique internationale, nous avons besoin de conseils. Nos économies sont en train de mourir, a déclaré M. Marah, en ajoutant que l’isolement équivalait à un «embargo économique» sur la sous-région.

M. Marah a salué la réponse internationale à l’épidémie de fièvre Ébola. «Le monde a répondu présent. La réponse a été lente et tardive, mais nous sommes très heureux que le monde ait compris que la crise Ébola ne concerne pas seulement la sous-région : c’est un défi pour toute l’humanité».

Commentaires

Loading comments ...

Loading comments ...