Les Sénégalais élisent dimanche leurs députés à l'issue d'une campagne émaillée de violences lors d'un scrutin considéré comme un test en vue de la présidentielle de 2019.
Face aux partisans du chef de l'Etat Macky Sall, l'opposition avance divisée, avec comme têtes de liste principales son prédécesseur, Abdoulaye Wade, et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention préventive.
Signe de la tension des derniers jours, le ministre de l'Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, a décrété vendredi "pour des raisons de sécurité" une interdiction de circuler entre les régions du pays le jour de l'élection, de minuit à minuit.
Des responsables politiques et religieux ont quant à eux lancé des appels pour que le scrutin se déroule dans le calme.
Car la campagne a été émaillée de violences qui ont fait de nombreux blessés à travers ce pays pourtant réputé en Afrique pour sa tradition démocratique.
Plus de 6,2 millions d'électeurs sont appelés aux urnes de 08H00 à 18H00 GMT pour départager un nombre record de listes --47, contre 24 en 2012.
Les premiers résultats de ce scrutin à un tour sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.
Un enjeu de cette dernière consultation avant la présidentielle sera de mesurer les forces du camp du président Macky Sall, élu en 2012 face à Abdoulaye Wade (2000-2012) et qui espère consolider sa majorité.
L'opposition affirme de son côté vouloir lui imposer "une cohabitation", mais ses chances d'y parvenir ont diminué après son échec à s'entendre sur une liste commune.
Le nombre de sièges à l'Assemblée nationale passera de 150 à 165, en vertu d'une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés pour représenter la diaspora.
Sur les 165 sièges, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritaire, un système très favorable au parti qui terminera premier dans chaque département, puisqu'il en raflera tous les sièges. Soixante autres sièges seront pourvus à la proportionnelle.
Les derniers jours de campagne ont aussi été marqués par une controverse sur la délivrance des cartes d'identité biométriques permettant aux citoyens de voter, dont plusieurs centaines de milliers n'ont pas été fournies à temps.
Saisi par M. Sall, le Conseil constitutionnel a autorisé in extremis le vote avec le récépissé de dépôt de carte d'électeur, accompagné d'une pièce d'identité.
L'opposition a rejeté avec véhémence la mesure, estimant qu'elle pourrait faciliter des tentatives de fraude en faveur du pouvoir.
M. Wade, toujours chef, à 91 ans, du Parti démocratique sénégalais (PDS), accuse les autorités d'avoir délivré les cartes de manière sélective afin d'éviter une victoire de l'opposition.
Un rassemblement non autorisé de ses partisans mardi à Dakar pour les réclamer a été dispersé par les forces de l'ordre, qui ont procédé à une trentaine d'arrestations, selon son entourage.
De retour le 10 juillet après plus de deux ans d'absence, il affirme s'être lancé dans la bataille électorale pour chasser du pouvoir Macky Sall, qui selon lui a "détruit le Sénégal".
Le camp présidentiel l'accuse en retour de se présenter pour favoriser une amnistie pour son fils et ancien ministre, Karim, condamné en 2015 à six ans de prison pour "enrichissement illicite", afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité et de lui ouvrir la voie à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2019.
Gracié en juin 2016 par le président Sall, Karim Wade réside depuis à l'étranger.
Une autre liste de l'opposition est menée par le maire de Dakar, considéré comme probable prétendant à la prochaine présidentielle, en détention depuis mars pour détournement de fonds présumés, des accusations qu'il rejette.
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