La Cour suprême du Liberia décidera lundi si le second tour de l'élection présidentielle se tiendra comme prévu le lendemain, a-t-elle indiqué vendredi, après avoir entendu les doléances d'un parti d'opposition et les membres de la Commission électorale nationale (NEC).
La date du 7 novembre semble difficilement tenable puisque, dans l'attente de la décision de la Cour, les préparatifs du scrutin, dont l'acheminement des bulletins de vote et des urnes et la formation des personnes chargées d'encadrer le vote, sont suspendus.
Le juge Francis Korkpor annoncera la décision de la Cour lundi à 10H00 GMT, soit moins de 24 heures avant l'ouverture théorique des bureaux de vote dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest.
Le second tour doit en principe opposer le sénateur et ex-star du foot George Weah, arrivé en tête lors du premier tour le 10 octobre avec 38,4% des voix, au vice-président sortant, Joseph Boakai (28,8%).
Mais le Parti de la liberté de l'avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine, arrivé troisième avec 9,6% des suffrages, a dénoncé devant la commission électorales des "fraudes et irrégularités massives" lors de ce premier tour.
Il réclame que l'ensemble du processus électoral soit remis à plat.
Son action devant la Cour suprême est soutenue par Joseph Boakai.
La haute juridiction avait ordonné mardi la "suspension" des préparatifs pour le second tour dans l'attente de sa décision.
La date du 7 novembre est un objectif "qu'il ne semble pas possible d'atteindre", a reconnu le président de la NEC, Jerome Korkoya.
Lors de l'audience, où il représentait lui-même son parti, M. Brumskine, 66 ans, a estimé que laisser l'élection se dérouler avant que sa plainte ne soit tranchée par la commission électorale ou par la justice "équivaudrait à dénier (...) une application correcte de la loi".
"Il n'est pas question ici de gagner ou de perdre, il s'agit d'un système qui a pris le pays en otage depuis des années", a avancé l'avocat de renom, qui se présentait pour la troisième fois à une élection présidentielle.
Les avocats de la commission électorale ont répliqué que la date du second tour était inscrite dans la Constitution et qu'elle ne pouvait pas être modifiée par des recours devant la justice.
"Avec la Cour suprême, il est impossible de faire des prédictions, mais nous pensons avoir bien défendu nos arguments", a dit à l'AFP le président du Parti de la Liberté, Benjamin Sanvee.
Le déroulement du premier tour a été salué comme largement crédible par les observateurs nationaux et internationaux malgré certaines irrégularités et de longs retards relevés dans certains bureaux de vote.
La communauté internationale a lancé des appels aux différentes parties pour que le processus électoral, qui doit mener à la première transition depuis des décennies entre une présidente élue, Ellen Johnson Sirleaf, et son successeur se déroule en bon ordre et que chacun en accepte les résultats.
Ce scrutin est considéré comme un test crucial pour la consolidation de la démocratie, près de 15 ans après la fin d'une terrible guerre civile ayant fait quelque 250.000 morts.
En 2005, la présidentielle avait été remportée par Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue démocratiquement cheffe d'un Etat africain. Réélue pour un second mandat en 2011, l'année où elle remporta le prix Nobel de la Paix, Mme Sirleaf n'avait plus le droit de se représenter.
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