Le scrutin prévu samedi dans quatre comtés de l'ouest du Kenya, où l'élection présidentielle n'a pu avoir lieu jeudi en raison des violences, a été reporté sine die par la Commission électorale (IEBC), a annoncé vendredi son président.
En raison des menaces pesant sur le personnel électoral, l'IEBC a décidé de "reporter l'élection qui devait avoir lieu samedi à une date qui sera annoncée dans les jours prochains", a déclaré Wafula Chebukati.
"Quand il s'agit de notre personnel (...), quand leurs vies sont en danger, nous, en tant que commission, sommes profondément préoccupés", a-t-il expliqué.
L'IEBC avait reporté à samedi le scrutin dans les comtés d'Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya, tous acquis à l'opposition, en raison des violences de jeudi.
La plupart des bureaux de vote y étaient restés fermés, le matériel électoral n'ayant pu être acheminé et les agents électoraux craignant pour leur sécurité.
"Je n'ai pas été au bureau de vote hier (jeudi), et je ne vais pas y aller demain (samedi)", a expliqué vendredi à l'AFP un assesseur contacté par téléphone et requérant l'anonymat. "Je ne souhaite pas risquer ma vie".
L'opposition, qui avait déjà boycotté le scrutin de jeudi, avait auparavant appelé ses supporteurs à ne pas se déplacer samedi pour éviter de mettre leur vie en danger.
Et nombre d'entre eux avaient déjà laissé entendre qu'ils feraient tout pour empêcher la tenue de ce scrutin. "Nous ne voulons pas de cette élection présidentielle et la décaler de deux jours n'y changera rien", avait expliqué Tobias Aoko, un ouvrier du bâtiment de 33 ans, à Kisumu.
Le gouverneur du comté de Kisumu, Anyang' Nyong'o, avait lui aussi prévenu que personne ne participerait à cette élection.
Malgré les appels à la retenue des deux camps, des affrontements violents avec la police ont eu lieu jeudi dans de nombreux bastions de l'opposition, où les frustrations et le sentiment de marginalisation ont été exacerbés depuis des années.
Depuis deux jours, au moins six personnes ont été tuées par balle et des dizaines blessées dans des bidonvilles de Nairobi et l'ouest du pays, selon des sources hospitalière et policière.
Au moins 46 personnes au total ont été tuées depuis le scrutin présidentiel du 8 août, annulé par la justice, la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police.
Le scrutin de jeudi était organisé après l'annulation le 1er septembre par la Cour suprême de l'élection du 8 août, à l'issue de laquelle le président Uhuru Kenyatta avait été proclamé vainqueur avec 54,27% des voix, contre 44,74% à Raila Odinga.
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