Deux Américains d'origine gambienne, dont celui qui devait prendre le pouvoir, ont été inculpés lundi par la justice américaine pour complot dans le putsch manqué en Gambie le 30 décembre, a annoncé le ministère de la Justice.
Cherno Njie, 57 ans, et Papa Faal, 46 ans, qui possède également la nationalité gambienne, avaient été placés en détention à leur retour de Banjul, pour leur participation présumée à l'attaque du palais présidentiel.
Ils devaient comparaître lundi respectivement à Baltimore, dans le Maryland (est), et à Minneapolis, dans le Minnesota (nord) pour complot de violation du traité de neutralité en préparant une expédition contre un pays allié des Etats-Unis, selon un communiqué.
Selon l'acte d'accusation, les deux hommes vivant au Minnesota et au Texas (sud) avaient préparé l'attaque avec l'objectif de renverser le président gambien Yahya Jammeh et d'installer l'un d'entre eux, Njie, comme dirigeant par intérim du nouveau régime.
Mais le putsch du 30 décembre avait achoppé quand les forces de sécurité loyales au président avaient repoussé l'attaque du palais présidentiel par Faal et une dizaine d'autres assaillants. Njie se tenait à l'écart dans l'attente de prendre le pouvoir si l'assaut avait réussi. Les deux hommes avaient ensuite réussi à prendre la fuite et regagner les Etats-Unis où ils ont été arrêtés, selon le même document.
Ils sont également poursuivis pour possession d'armes à feu dans le but de commettre un acte de violence. D'août à octobre, ils avaient en effet acquis de nombreuses armes, des munitions et toutes sortes d'équipements, comme des lunettes de vision nocturne ou des gilets pare-balles, et les avaient envoyés en Gambie pour les utiliser dans leur tentative de coup d'Etat.
Ces hommes sont accusés d'avoir comploté pour renverser dans la violence un gouvernement étranger, en violation de la loi américaine, a déclaré le ministre de la Justice Eric Holder. Les Etats-Unis condamnent fermement de tels complots. Par ces accusations graves, les Etats-Unis s'engagent à tenir (ces accusés) pleinement responsables de leurs actions, a-t-il ajouté dans le communiqué.
Selon le procès verbal de l'agent spécial du FBI en charge du dossier, Nicholas Marshall, Faal, qui a servi dans l'armée américaine et l'US Air Force, a été arrêté et interrogé le 1er janvier à l'aéroport de Washington Dulles, à son arrivée du Sénégal où il avait déjà été entendu à l'ambassade américaine.
Njie, un homme d'affaires suspecté d'avoir organisé le financement de l'opération depuis les Etats-Unis, a été pour sa part arrêté le 3 janvier au même aéroport de Washington, à son retour de Gambie via le Sénégal, mais a refusé d'être interrogé.
Faal avait admis avoir rejoint en août dernier un mouvement d'opposants au régime du président Jammeh, qui dirige le pays d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1994.
Il a reconnu avoir été en relation principalement par téléphone avec les autres co-conspirateurs sous le nom de Fox et n'avait rencontré le leader présumé Njie, portant le nom de code Dave, qu'en Gambie peu avant l'assaut.
Leur objectif était de rétablir la démocratie en Gambie et d'améliorer la vie de sa population avec l'espoir de ne pas avoir à tuer le moindre Gambien, grâce au ralliement espéré de 160 hommes de l'armée gambienne. Ils avaient initialement prévu une embuscade contre le président Jammeh lors d'un de ses déplacements entre Noël et le Jour de l'An. Ils avaient changé leur plan en apprenant que le président devait quitter le pays le 26 décembre et avaient décidé de s'attaquer au palais. Mais au lieu de se rendre comme les attaquants l'espéraient, les forces présidentielles avaient reçu des renforts et avaient riposté, tuant plusieurs assaillants, selon le même document.
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