La nouvelle session du dialogue burundais de sortie de crise, ouverte le 28 novembre à Arusha (nord de la Tanzanie) en l'absence de l'opposition en exil, s'est clôturée vendredi sans aucun accord et dans la cacophonie, selon des participants.
Cette session à huis clos avait pour ambition d'aboutir à la signature d'un accord le 8 décembre en présence des chefs d'État de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), selon un programme distribué aux délégués par le médiateur dans cette crise, l'ancien président tanzanien Benjamin Mkapa.
Dès jeudi, M. Mkapa avait reconnu, dans un message lu aux participants, que l'objectif principal de la session, à savoir les interactions directes entre les participants, n'avait "pas été réalisé".
Il leur avait donc annoncé qu'il n'y aurait "ni accord, ni déclaration" à l'issue de ce round de discussions, en raison des positions qui restent "diamétralement opposées" entre le camp présidentiel et l'opposition interne représentée à Arusha.
Vendredi, la réunion s'est clôturée dans la confusion, selon plusieurs participants contactés par l'AFP, dont un membre de l'équipe du facilitateur.
"En constatant qu'ils ne pouvaient plus contrôler le déroulement des ces négociations, (les représentants du gouvernement burundais) ont décidé de créer le vacarme dans la salle", a dénoncé Léonce Ngendakumana, vice-président du parti d'opposition Frodebu, joint par téléphone à Arusha.
"Le facilitateur n'a pu digérer un tel comportement et il a décidé de clôturer immédiatement la session, et a promis de saisir ceux qui l'ont mandaté pour qu'ils prennent une décision qui puisse faire avancer ces négociations", a-t-il poursuivi, parlant de "honte" pour le Burundi.
Jeudi, M. Mkapa avait fait savoir qu'il enverrait une note au médiateur en chef, le président ougandais Yoweri Museveni, et aux chefs d'État de l'EAC, "identifiant les points de convergence, qui peuvent servir de base à un accord, et les points de divergence, qui pourraient faire l'objet de futurs dialogues et négociations".
Parmi les points de convergence, figure notamment "un engagement vis-à-vis de l'accord de paix d'Arusha et de la Constitution du Burundi en tant que fondement d'une paix, sécurité et stabilité durables".
Les parties ne se sont en revanche pas entendues sur "l'ouverture de l'espace politique, l'identification des prisonniers politiques, le droit souverain de modifier la Constitution".
Tout au long des deux semaines de discussions, le représentant du gouvernement a insisté sur la nécessité de rapatrier le dialogue au Burundi et appelé les responsables en exil à rentrer au pays pour préparer les élections de 2020.
Simple coïncidence, le ministère burundais de l'Intérieur a annoncé vendredi que commencerait le 12 décembre la campagne relative au référendum sur la réforme de la Constitution.
Ce référendum pourrait avoir lieu début février, a indiqué un haut cadre de la présidence. Si le projet de réforme est adopté, le président Pierre Nkurunziza serait en mesure de briguer dès 2020 deux nouveaux mandats de sept ans.
Le Burundi est en crise depuis que M. Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.
Les violences qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d'après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête.
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