Le président sud-soudanais Salva Kiir a déclaré lundi un cessez-le-feu unilatéral en lançant un dialogue national destiné à mettre fin à la guerre civile, un processus controversé qui n'inclut pas son vieux rival Riek Machar.
"Je déclare une nouvelle fois un cessez-le-feu unilatéral effectif à partir d'aujourd'hui, pour que nous puissions créer l'environnement nécessaire à un dialogue inclusif", a déclaré Salva Kiir pendant une cérémonie en présence de son fidèle allié, le président ougandais Yoweri Museveni.
Ce n'est cependant pas la première fois que M. Kiir s'engage à déposer les armes depuis le début de la guerre civile en 2013, sans que cela se concrétise sur le terrain. Il a aussi averti que l'armée gouvernementale gardait "le droit de (se) défendre".
Le processus de "dialogue national" censé permettre de rétablir la paix a été officiellement initié par la prestation de serment des 94 membres du comité chargé de le mettre en oeuvre.
"Je veux que le comité conduise des consultations aussi larges que possible pour permettre aux Sud-Soudanais d'exprimer leurs opinions et leurs aspirations à restaurer la paix dans leur pays", a déclaré M. Kiir.
Le président sud-soudanais avait annoncé en décembre ce "dialogue national". L'opposition avait salué cet appel, mais exclut d'y prendre part s'il était mené par M. Kiir.
Le président Kiir a renouvelé sa promesse d'ouvrir à tous ce dialogue, à l'exception du leader de l'opposition, l'ex-vice président Riek Machar, et de garantir la sécurité de tous les acteurs qui y participeraient.
"Tout le monde est invité à participer au dialogue national sauf Riek Machar", a-t-il déclaré. "(Si) Riek Machar venait, il causerait une nouvelle guerre à Juba. Mais s'il a une délégation de gens en qui il a confiance, qu'il les nomme pour qu'ils viennent à Juba. Nous garantissons leur sécurité."
Après de violents affrontements en juillet 2016 à Juba, qui avaient signifié l'échec d'un accord de paix signé en août 2015, M. Machar a fui le pays et est depuis exilé en Afrique du Sud.
Deux ans et demi après son indépendance, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3,5 millions de déplacés.
Le conflit avait été amorcé par des combats entre des unités rivales de l'armée, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité à la tête du régime entre MM. Kiir et Machar.
Si la guerre opposait au départ principalement les Dinka de Salva Kiir aux Nuer de Riek Machar, d'autres groupes ethniques ont ensuite rejoint l'un ou l'autre camp, souvent dans l'espoir de tirer profit de cette alliance dans des conflits locaux, notamment territoriaux.
"Un dialogue national pourrait être primordial pour favoriser une discussion représentative sur les problèmes essentiels qui affectent les Sud-Soudanais et sur la voie à suivre pour l'avenir", a estimé Amanda Lucey, experte pour l'Institut des études de sécurité (ISS).
"Toutefois, il y a de sérieux doutes sur la légitimité du processus", a-t-elle ajouté, alors que les forces gouvernementales ont lancé ces dernières semaines plusieurs offensives et ont été accusées de nombreuses atrocités.
Le mois dernier, l'ONU avait dénoncé le "non respect flagrant" d'une précédente promesse de cessez-le-feu unilatéral faite en mars par le président Kiir.
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