Le nouvel homme fort du Burkina Faso se trouve en position délicate. Contesté dans son pays et sous pression internationale, le lieutenant-colonel Isaac Zida a promis lundi un passage rapide du pouvoir aux autorités civiles. L'Union africaine lui donne 15 jours pour y parvenir.
Lors d'une rencontre des diplomates, Isaac Zida a promis une transition "dans un cadre constitutionnel". L'organe de transition sera dirigé "par une personnalité consensuelle désignée par tous les acteurs de la vie nationale", a dit M. Zida, soulignant qu'il souhaite que cela se fasse dans un délai "le plus bref possible".
"Nous ne sommes pas là pour usurper le pouvoir et diriger le pays mais pour l'aider à se tirer de cette situation", a-t-il ajouté. Ses propos laissent à penser qu'un civil - et non plus un militaire - pourrait prendre la tête de la transition.
Une ouverture qui satisferait les Etats-Unis. Washington, allié privilégié du Burkina dans la lutte contre les jihadistes au Sahel, avait condamné dimanche "la tentative de l'armée burkinabè d'imposer sa volonté au peuple".
En fin de journée, l'Union africaine (UA) a donné 15 jours aux militaires burkinabè pour restituer le pouvoir aux civils. Faute de quoi, elle imposera des sanctions, a dit à Addis-Abeba Simeon Oyono Esono, président du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Cette organisation compte 54 Etats membres. Elle oeuvre notamment à la promotion de la démocratie en Afrique.
Lundi, Isaac Zida a poursuivi ses consultations avec les forces politiques et la communauté internationale à Ouagadougou. Dans la capitale, la situation était redevenue calme après l'intervention musclée de l'armée qui a chassé dimanche les manifestants, notamment de la place de la Nation, rebaptisée "place de Révolution".
Le grand marché, fermé depuis six jours en raison des événements, a rouvert lundi. Tout comme les banques et les écoles. La circulation a repris dans les artères poussiéreuses de la ville, où le couvre-feu nocturne reste en vigueur.
Globalement, la communauté internationale a vivement réprouvé la prise de pouvoir de facto par les militaires. L'Union européenne (UE) par exemple a aussi demandé à l'armée burkinabè à respecter les droits fondamentaux de la population, y compris celui de manifester pacifiquement.
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