La France va accorder à la Centrafrique une aide de 24 millions d'euros et livrer des armes à ce pays en proie à la violence et à l'instabilité, a annoncé vendredi à Bangui le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
"La France souhaite continuer son partenariat historique avec la République centrafricaine", a déclaré M. Le Drian au cours d'une conférence de presse à Bangui après avoir rencontré le président Faustin-Archange Touadéra.
Dans cet esprit, M. Le Drian a signé des conventions d'aide de 24 millions d'euros en 2018 pour contribuer notamment à des paiements d'arriérés de salaires et de retraites, développer les territoires proches du Cameroun touchés par d'importants déplacements de populations et installer des ponts afin de désenclaver plusieurs régions.
Le chef de la diplomatie française a également annoncé que Paris allait "bientôt livrer des armes" à Bangui, en l'occurrence 1.400 fusils d'assaut destinés à équiper les Forces armées centrafricaines (Faca).
"Nous le faisons dans le cadre strict, respectueux et transparent des Nations unies, dans une transparence totale, à la fois sur l'origine, sur l'acheminement, et sur la livraison", a affirmé M. Le Drian. Il serait selon lui "absurde de former des militaires et de ne pas leur donner, à la suite, les moyens d'assurer leurs fonctions".
Afin de rétablir la paix en Centrafrique, M. Le Drian a réaffirmé la position française, à savoir qu'"il n'y a pas d'alternative à l'initiative africaine de paix".
"Il faut maintenant mettre en oeuvre" et "il ne s'agit plus maintenant que de volonté politique et que d'un seul sujet, la sécurité et le bien-être de la République centrafricaine", a-t-il dit. "Ceux qui ont d'autres pensées, ceux qui ont d'autres agendas devront en faire les frais", a-t-il mis en garde.
La médiation de l'Union africaine (UA) lancée en juillet 2017 et soutenue par l'ONU ainsi que par les principaux partenaires de la Centrafrique est critiquée par des diplomates et des observateurs pour sa lenteur et son manque d'efficacité.
Une médiation parallèle a été initiée par la Russie, de plus en plus présente en Centrafrique.
Depuis le début de l'année, la Russie a envoyé dans ce pays cinq officiers militaires et 170 instructeurs civils (des mercenaires selon certains experts) et livré des armes à l'armée nationale après avoir obtenu une exemption à l'embargo de l'ONU.
"La République centrafricaine n'est pas dans une situation de division manichéenne, où il y a des bons ou des méchants", a affirmé M. Doubane. "Ce qui est important pour nous, c'est quelles sont les valeurs communes que nous partageons avec les Etats, quels sont les enjeux de paix et de sécurité en Centrafrique, et comment ensemble, on peut mutualiser les moyens", a-t-il ajouté.
"Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s'occuper de Centrafrique, c'est (...) la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s'implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées", a quant à lui déclaré M. Le Drian lors d'un entretien diffusé vendredi soir sur France 24, dans une allusion à peine voilée à la présence russe dans le pays.
Depuis 2013, la quasi-totalité du territoire centrafricain vit sous la coupe de groupes armés, dans un pays de 4,5 millions d'habitants classé parmi les plus pauvres au monde mais riche en diamants, or et uranium.
A la veille de l'arrivée de M. Le Drian à Bangui, des affrontements entre groupes armés, mercredi à Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, ont obligé "plus de 10.000 personnes" à se réfugier à l'hôpital de la ville, selon Médecins sans frontières (MSF).
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