La mobilisation se poursuit en Algérie pour protester contre un éventuel cinquième mandat de l’actuel président Abdelaziz Bouteflika. Ce mardi matin à Alger, des centaines d’étudiants se sont rassemblés pour manifester contre une nouvelle candidature du président réélu sans discontinuer depuis 1999.
Mardi matin, environ 500 étudiants étaient regroupés aux cris de « Non au 5e mandat ! », « Bouteflika dégage ! », « Algérie libre et démocratique », à l’intérieur de la « fac centrale ». Les agents de sécurité de l’université ont cadenassé les grilles pour empêcher les étudiants de sortir.
« Policiers et étudiants sont des frères », crient aussi les étudiants aux membres des forces de l’ordre, certains arborant casques et boucliers antiémeutes, déployés en nombre dans la rue, de l’autre côté des grilles.De nombreux étudiants brandissent des drapeaux algériens.
« Pour éviter la confrontation avec la police, les étudiants de plusieurs facultés d’Alger ont décidé de se rassembler dans l’enceinte de l’université », a expliqué à l’AFP Raouf, étudiant en master de journalisme, qui n’a pas donné son nom de famille. « Les policiers n’ont pas le droit d’entrer » dans les universités, rappelle-t-il.
Un impressionnant dispositif policier est déployé dans le centre d’Alger et de nombreux véhicules des forces de l’ordre sont garés sur les axes adjacents à l’université.
« Pas en mon nom ! », est un des mots d’ordre de la contestation de mardi qui a été lancée sur les réseaux sociaux après le soutien affiché de onze associations estudiantines à la candidature de M. Bouteflika.
Des enseignants et universitaires ont appelé leurs collègues à se joindre aux étudiants mardi.« Nous avons le devoir d’incarner la voix du peuple qui se lève contre un système politique devenu une véritable menace pour notre avenir et la stabilité du pays », expliquent-ils dans ce texte.
Lundi, les autorités algériennes ont répondu pour la première fois aux protestataires en écartant implicitement l’hypothèse d’un renoncement d’Abdelaziz Bouteflika et en affirmant que les « urnes trancheront ».
« Les élections auront lieu dans moins de deux mois et chacun choisira librement », a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, alors que le délai de dépôt des candidatures expire dimanche à minuit. Il a également mis en garde les Algériens « contre les risques de dérapages sérieux ».
Ces derniers jours, face à la contestation, plusieurs membres du camp présidentiel ont agité plus ou moins explicitement le spectre de la « décennie noire » de guerre civile en Algérie (1992-2002), à laquelle M. Bouteflika est largement crédité d’avoir mis fin en arrivant au pouvoir.
Réélu sans discontinuer depuis 1999, M. Bouteflika n’apparaît lui-même plus que très rarement en public depuis qu’il a subi un accident vasculaire cérébral en 2013.
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