Malgré plusieurs manifestations appelant à son renoncement, le président Abdelaziz Bouteflika a déposé dimanche soir sa candidature. Il s'est toutefois engagé, s'il est élu le 18 avril, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l'issue d'une présidentielle anticipée.
Un cinquième mandat et une élection présidentielle anticipée. Voilà le package proposé par Abdelaziz Bouteflika pour calmer la révolte des Algériens qui réclament son départ.
Dimanche, dernier jour de dépôt des dossiers pour les candidats à la présidentielle du 18 avril, le chef de l'État a missionné son nouveau directeur de campagne, Abdelghani Zaalane, de lire une lettre dans laquelle il se dit «déterminé», s'il était réélu, à «assumer la responsabilité historique de la concrétisation de l'exigence fondamentale du peuple, c'est-à-dire le changement du système».
Dans cette lettre, il dit aussi vouloir organiser «une élection présidentielle anticipée» et s'engage à ne «pas être candidat à cette élection qui assurera [sa] succession».
Qu'Abdelaziz Bouteflika se présente à un cinquième mandat, personne n'en doutait vraiment. Surtout après sa décision, samedi, de sacrifier son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, lue comme une confirmation.
Mais dimanche, plusieurs centaines d'étudiants scandant «Bouteflika dégage!» ou «Pas de cinquième mandat pour Bouteflika!» ont manifesté dans plusieurs villes du pays, à Oran, Constantine ou Annaba, et à Alger, où ils ont convergé vers le palais présidentiel d'el-Mouradia et vers le Conseil constitutionnel.
Dimanche soir, le président n'était pas encore revenu de Genève, où, selon le communiqué officiel, il suit depuis le 24 février des «contrôles médicaux». Mais son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane, a déposé en fin d'après-midi son dossier de candidature. En promettant de ne pas se représenter, le président tente de calmer la rue et se donne un an pour préparer la succession. À Alger, l'annonce de sa candidature a été accueillie par de nouvelles manifestations dans la soirée.
Parmi les nombreux postulants: le général à la retraite Ali Ghediri, le président du front al-Moustakbel (l'avenir), Abdelaziz Belaïd (déjà en lice en 2014, il avait recueilli 3,06 % des voix), ou encore l'homme d'affaires accro aux réseaux sociaux Rachid Nekkaz. Abderrezak Makri, le leader du MSP (islamistes, tendance Frères musulmans), a annoncé qu'il boycotterait l'élection si Abdelaziz Bouteflika se présentait.
Louisa Hanoune (Parti des travailleurs) a annoncé samedi qu'elle ne participerait pas. Cette journée de dimanche a surtout été marquée par la défection d'Ali Benflis, présenté comme le traditionnel challenger du chef de l'État. «Le peuple a pris la parole, et je l'ai entendu. L'élection présidentielle, dans les circonstances actuelles, n'a ni sens ni raison d'être», a déclaré Ali Benflis.
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