A tout juste 65 ans, Matamela Cyril Ramaphosa a réussi son pari de devenir le nouveau patron du plus vieux parti politique du continent africain. Il est ainsi le 13eprésident de l'ANC depuis sa fondation en 1912. Successeur de Nelson Mandela, Thabo Mbeki et enfin de Jacob Zuma, il est devenu les 18 décembre, le 4eprésident de l'ANC post-apartheid… après une attente qui aura duré 20 ans.
Comparativement à ses prédécesseurs – Thabo Mbeki et Jacob Zuma – et de sa rivale politique, Nkosazana Dlamini-Zuma, qu'il a battu d'une courte tête, Ramaphosa a un parcours quelque peu original.
Aucunement un « enfant de l'ANC » de la première heure, il débute sa carrière politique au début des années 1970, alors qu'il est étudiant à l'Université du Nord – communément appelé à l'époque Turfloop University – à l'époque où le mouvement de la Conscience noire de Steve Biko se propage sur tous les campus universitaires ségrégués d'Afrique du Sud alors que l'ANC a été « décapité » par le régime d'apartheid en 1960, avec l'emprisonnement de ses plus hauts cadres à Robben Island, dont Nelson Mandela qui aura une grande influence sur Cyril Ramaphosa dès la fin des années 1980, et l'exil d'autres hors des frontières sud-africaines, dont Thabo Mbeki, dès 1962, qui deviendra son rival politique.
Suite à son engagement au sein de la Black Consciouness Movement (BCM) – Mouvement de la Conscience noire –, Ramaphosa, bien que non mineur, mais représentant légal, fonde ce qui deviendra le plus important mouvement syndical des mineurs du pays (décembre 1982) ; le National Union of Mineworkers (NUM) – Syndicat National des Mineurs.
En 1985, il est un des membre fondateurs de la plus grande centrale syndicale d'Afrique du Sud, le Congress of South African Union (COSATU), puis intègre la United Democratic Front (UDF) – Front démocratique uni –, large coalition de centaines d'organisations civiques, d'églises, de mouvements étudiants, de syndicats, d'organisations de femmes, etc., qui rendit l'Afrique du Sud ingouvernable, dès le milieu des années 1980, avec l'appui de l'ANC en exil, jusqu'à faire « tomber » l'apartheid un jour de février 1990, qui annonce la légalisation de tous les partis d'opposition contre Pretoria, la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés, pour débuter les négociations entre l'ANC et autres organisations politiques avec le régime d'apartheid – Convention for a Democratic South Arica (CODESA), Convention pour une Afrique du Sud démocratique – entre 1991 et 1993 – qui aboutit aux première élections démocratiques et multiraciales du pays et à l'écriture de la nouvelle Constitution sud-africaine (adoptée définitivement en 1996) dont Cyril Ramaphosa est un des principaux architectes.
En 1997, lors de la 50e Conférence nationale de l'ANC (Mafikeng), alors secrétaire général du parti depuis 1991, Cyril Ramaphosa se confronte à Thabo Mbeki pour la présidence.
Candidat malheureux, même s'il est élu avec un nombre important de voix (2390), le plaçant ainsi en première place du National Executive Committee – Comité national exécutif, le plus haut organe de l'ANC entre les Conférences nationales et ayant l'autorité de diriger le parti conformément à la Constitution –, il fait le choix de quitter momentanément la politique, pour mieux y revenir en 2012.
Après avoir construit un empire dans les affaires, bénéficiant du Black Economic Empowerment (BEE) – Développement économique des Noirs –, programme mis en place par le gouvernement Mbeki (dès les années 2000) pour rectifier les inégalités créées par les législations d'apartheid contre les Noirs, les Coloureds et les Indiens en Afrique du Sud –, l'homme d'affaires qu'est Ramaphosa revient à la politique.
Il est largement élu vice-président de l'ANC 2012, nommé en 2014 numéro 2 du gouvernement Zuma II, pour finalement être le vainqueur à la présidence à la suite d'une intense et rude compétition politique avec Nkosazana Dlamini-Zuma, soutenue par le président Jacob Zuma.
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