Six Premiers ministres issus des trois principales familles politiques européennes se réunissent vendredi soir à Bruxelles, avec pour objectif de faire avancer les tractations tendues en cours pour départager les prétendants aux plus hauts postes de l’UE.
Le plat principal de leur « dîner informel » sera la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission. Mais les discussions incluent d’autres postes, comme la présidence du Conseil et du Parlement européens, ou encore la direction de la Banque centrale européenne (BCE).
Pour en discuter, le Premier ministre belge Charles Michel a convié son homologue libéral néerlandais Mark Rutte, ainsi que deux chefs de gouvernement socialistes, l’Espagnol Pedro Sanchez et le Portugais Antonio Costa, et deux du PPE (droite), le Croate Andrej Plenkovic et le Letton Krisjanis Karins.
Ces six hommes sont les référents désignés par les trois familles politiques disposant des plus larges groupes au sein du nouveau Parlement européen issu des élections de fin mai.
Mais il ne faut pas s’attendre à ce que cette rencontre fasse bouger les lignes, ont prévenu plusieurs sources européennes.
« Les socialistes vont redire qu’ils veulent Frans Timmermans, le PPE va dire qu’il soutient Manfred Weber », ironise une source européenne en référence aux « chefs de file » néerlandais et allemand des deux principaux partis européens.
Ni le président français Emmanuel Macron, ni la chancelière allemande Angela Merkel, ne sont de la partie vendredi à Bruxelles, a aussi souligné cette source, alors que leurs positions sont primordiales pour décider de la répartition des principaux postes européens.
Lors d’un sommet le 28 mai à Bruxelles, M. Macron n’a pas caché devant la presse ses fortes réserves à la candidature du Bavarois Manfred Weber (PPE), auquel Mme Merkel a de son côté réitéré son soutien pour succéder à Jean-Claude Juncker en novembre.
Les 28 vont essayer de se mettre d’accord sur le nom d’un candidat lors d’un sommet prévu les 20 et 21 juin à Bruxelles. Ce nom devra recueillir l’approbation d’au moins 21 pays pour pouvoir être soumis au Parlement européen.
Il reviendra ensuite aux eurodéputés d’approuver (à la majorité simple, soit au moins 376 voix) ou de rejeter le candidat que lui présenteront les chefs d’Etat et de gouvernement.
Les jeux semblent encore très ouverts près de deux semaines après un scrutin qui a vu le PPE et les sociaux-démocrates rester les deux plus grands partis au Parlement européen, mais perdre leur capacité historique à y former une majorité à eux deux.
La poussée de l’extrême droite et des eurosceptiques y a été contenue. Mais les libéraux, devenus la troisième force du Parlement avec le renfort des eurodéputés macronistes, et les Verts, ont la ferme intention de compter dans toutes les grandes décisions.
La droite européenne s’est déjà mise en ordre de bataille en réélisant Manfred Weber comme chef de groupe du PPE au Parlement, une position qui lui permet de mener les négociations avec les autres groupes politiques pour former une coalition.
Les pourparlers vont commencer formellement le 12 juin pour aboutir à un programme de travail pour le mandat de la prochaine Commission. Le but est de s’entendre sur un programme qui pourrait être approuvé par les quatre grands groupes pro-européens (le PPE, les socialistes et démocrates, les libéraux et les Verts).
La question du choix du futur patron de l’exécutif européen serait abordé dans la foulée par les groupes politiques.
Mais le PPE a déjà prévenu: « Nous sommes le plus important groupe au Parlement, nous avons une majorité au Conseil. Nous demandons la présidence de la Commission. Pour tous les autres postes, nous pouvons négocier », affirme l’un de se dirigeants.
Face à la complexité des tractations en cours, la possibilité de convoquer un sommet européen le 30 juin, en cas d’échec de celui des 20 et 21 juin, est déjà sur la table.
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