Bruxelles s'attend à un nouveau bras de fer avec l'Italie concernant son budget, jugeant les estimations de croissance de Rome "trop optimistes", quelques mois seulement après un compromis arraché avec la coalition populiste au pouvoir.
"Je suis vraiment inquiet pour l'Italie. Dans aucun autre Etat membre de l'UE, l'économie ne s'est autant contractée", affirme dans un entretien à l'édition dominicale du journal Die Welt le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.
Pointant du doigt l'augmentation des taux d'intérêt et une baisse de la confiance des investisseurs dans le pays, il estime que "la situation est problématique" et s'attend "à des discussions difficiles" avec Rome.
M. Dombrovskis, qui est chargé notamment de l'euro, a annoncé que la Commission ferait à nouveau le point au début du mois de juin et discuterait des prochaines étapes.
Fin février, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, avait déjà exhorté la coalition populiste au pouvoir en Italie à assainir rapidement ses finances publiques en raison des "perspectives économiques qui s'assombrissent".
"Les hypothèses de croissance de Rome sont trop optimistes", a expliqué M. Dombrovskis.
"La situation est compliquée par le fait que le programme de dépenses du gouvernement, qui en 2019 a été seulement reporté, va pleinement peser sur la budget de l'année prochaine", a estimé le vice-président letton de la Commission.
L'Italie a enregistré en 2018 une croissance de 0,9% de son Produit intérieur brut (PIB), avec un net ralentissement en fin d'année puisque le pays est entré en récession technique au second semestre.
Et pour l'année à venir, le gouvernement italien, formé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (antisystème), prévoit une croissance de 1%.
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) table seulement sur une hausse de 0,6% et la Commission européenne sur 0,2%.
La Commission est particulièrement inquiète du niveau de la dette publique du pays, qui, à plus de 130% du PIB national, dépasse largement la limite de 60% fixée dans l'Union européenne.
"Il est important que le ratio de la dette diminue enfin", a jugé M. Dombrovskis, en soulignant que d'autres pays européens étaient parvenus à le faire dans les périodes économiquement plus favorables.
Mais malgré ces difficultés, il a estimé qu'un accord avec Rome restait possible: "Nous avons également eu des discussions difficiles avec les gouvernements précédents et, en fin de compte, ils ont trouvé des solutions pour limiter la dette".
Pour 2019, après un bras de fer avec la Commission européenne fin 2018, la coalition italienne a accepté de revoir à la baisse son déficit, le faisant passer à 2,04% contre 2,4% prévu initialement.
Le budget 2019 adopté fin décembre par Rome comprenait une enveloppe de plusieurs milliards d'euros pour des réformes sociales, notamment avec l'introduction d'un revenu de citoyenneté censée sortir des millions de personnes de la pauvreté et relancer la croissance par la demande.