Les Européens envisagent d'organiser un sommet extraordinaire en novembre pour boucler les difficiles négociations du Brexit, entrées dans leur phase finale, et éviter la "catastrophe" d'un divorce sans accord avec Londres, a indiqué mardi le président du Conseil européen Donald Tusk.
Les négociateurs étaient censés parvenir à un accord lors d'un sommet le 18 octobre à Bruxelles sur les termes du retrait britannique, prévu fin mars 2019, et sur les bases de leur relation future. Mais cet agenda semble de plus en plus intenable pour surmonter les derniers blocages qui subsistent.
Lors d'un sommet informel réuni à partir de mercredi soir à Salzbourg (Autriche), "je veux que nous passions en revue les progrès dans ces négociations", a souligné le président du Conseil européen, l'instance regroupant les dirigeants des 28 pays de l'UE, dans la lettre d'invitation qu'il leur a adressée mardi.
La Première ministre britannique Theresa May, cible d'une contestation permanente au Royaume-Uni, exposera brièvement sa vision des tractations lors d'un dîner mercredi dans la ville autrichienne. Les 27 peaufineront ensuite leur stratégie le lendemain, sans elle, pour les dernières semaines de négociation.
Les 27 devront aboutir à une "vision commune" sur leur relation future avec Londres et discuter de "comment organiser la phase finale des discussions du Brexit, y compris avec la possibilité de convoquer un autre Conseil européen en novembre", en plus de celui d'octobre, a précisé M. Tusk.
"Malheureusement le scénario d'un +no deal+ (absence d'accord) est encore envisageable. Mais si nous agissons avec responsabilité, nous pouvons éviter la catastrophe", a mis en garde le dirigeant européen.
Londres et Bruxelles ont jusqu'ici trouvé des compromis sur la plupart des questions liées au divorce, notamment sur son règlement financier et sur les droits des citoyens expatriés après le Brexit.
Mais ils continuent de buter sur certains points, principalement sur la question du sort de la frontière irlandaise. Au point que l'hypothèse du "no deal" est de plus en plus redoutée, en particulier dans les milieux économiques.
Les deux parties sont pourtant d'accord pour éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. En revanche, Londres conteste les termes du "filet de sécurité" ("backstop") demandé par l'UE pour garantir ce résultat.
Les 27 demandent qu'il soit prévu que l'Irlande du Nord demeure pour une durée indéterminée au sein de l'union douanière européenne en cas d'absence d'autre solution satisfaisante. Ce qui reviendrait à créer une frontière inacceptable entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, rétorquent les Britanniques.
A Salzbourg, jeudi, les dirigeants des pays de l'UE "vont reconfirmer qu'il n'y aura pas d'accord de retrait sans +backstop+ pour l'Irlande", a insisté un haut responsable européen.
"Il faut intensifier les négociations", a plaidé mardi à Bruxelles le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, demandant qu'il y ait des "décisions substantielles" dès le sommet d'octobre, une échéance prévue de longue date, et sans attendre le mois de novembre.
"Je pense que nous aurons un bon accord" avec Bruxelles, a prédit lundi Mme May. Et si ses plans ne sont pas soutenus en interne, "je pense que l'alternative sera l'absence d'accord", a-t-elle prévenu à l'adresse de son parti conservateur divisé.
Theresa May plaide notamment pour le maintien d'une relation commerciale étroite avec l'UE grâce à la mise en place d'une zone de libre-échange pour les marchandises. Mais l'UE n'est pas prête à transiger sur "l'indivisibilité" des libertés du marché unique, qui incluent celle des personnes.
Un Brexit sans accord "entraînerait des coûts importants" pour l'économie britannique et il est donc "crucial" que Londres s'entende avec Bruxelles, a estimé lundi le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport annuel sur le Royaume-Uni.
Le gouvernement britannique a récemment publié une série de notes techniques analysant les risques d'un tel scénario. Il y mentionnait notamment la fin possible de la validité des permis de conduire britanniques dans l'UE ou le retour des frais d'itinérance mobile.
La police britannique a souligné de son côté mardi que sa tâche serait "plus difficile" si elle perdait tout accès aux bases de données de l'UE.
Côté européen, la Commission avait appelé en juillet les pays de l'UE à "intensifier" leurs préparatifs à tous les scénarios, y compris celui d'une "rupture brutale".
Elle avait notamment préconisé de se préparer à des contrôles aux frontières de l'UE, aux conséquences pour les échanges commerciaux ou encore aux effets sur la reconnaissance des qualifications professionnelles de part et d'autre.
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