Theresa May a entamé mardi une série de rencontres avec des dirigeants européens pour les implorer de lui accorder des concessions sur l'accord de Brexit, dans une tentative désespérée de sauver ce texte que le Parlement britannique refuse en l'état de ratifier.
La dirigeante britannique a rencontré mardi matin son homologue néerlandais Mark Rutte, un "dialogue utile", a tweeté ce dernier sans plus de détails.
Un porte-parole de Downing Street a lui qualifié cette rencontre de "productive". "Les deux dirigeants ont convenu que la solution de +backstop+ était destinée à rester temporaire", et la Première ministre a "parlé de la nécessité d'assurances supplémentaires sur ce point afin que l'accord avec l'UE soit voté à la Chambre des Communes".
"La Première ministre et le Premier ministre Rutte ont convenu de travailler ensemble pour trouver une façon d'y arriver", a-t-il ajouté.
Mme May est arrivée ensuite à Berlin, où elle a été accueillie par la chancelière Angela Merkel, avant de rencontrer à Bruxelles le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk.
Lundi, quasiment assurée d'essuyer une humiliante défaite devant la Chambre des Communes sur l'accord, Mme May avait annoncé le report du vote prévu ce mardi, provoquant la colère des députés.
Le texte sera présenté au vote des députés britanniques avant le 21 janvier, a déclaré un porte-parole de Downing Street mardi, sans plus de précisions.
La ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, a expliqué mardi que Mme May allait chercher des assurances "légalement contraignantes" que le Royaume-Uni ne sera pas prisonnier de la solution dite de "backstop" - ou filet de sécurité - après le Brexit, prévu le 29 mars 2019. Cette solution controversée prévoit de créer provisoirement un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
Toutefois, les dirigeants des 27 ont répété leur refus de rouvrir les négociations qui avaient abouti fin novembre après 17 mois de discussions difficiles.
"Nous sommes prêts à discuter de la manière de faciliter la ratification britannique", a déclaré Donald Tusk. Mais "nous ne renégocierons pas l'accord, y compris le filet de sécurité", a-t-il prévenu.
"Il n'y a pas de place pour une renégociation mais de plus amples clarifications sont possibles", a cependant tweeté mardi matin Jean-Claude Juncker.
De son côté, le référent du Parlement européen pour le Brexit, Guy Verhofstadt, a fait passer "deux messages" via Twitter : "nous ne laisserons jamais tomber l'Irlande, il est hors de question de renégocier le backstop & si vous voulez une future relation plus proche (entre Londres et l'UE, ndlr), il n'y a pas de problème pour nous".
Le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney a lui affirmé que "le gouvernement irlandais n'avait aucun problème à fournir des assurances si cela peut aider" mais qu'il excluait de rouvrir l'accord de sortie.
Un sommet consacré au Brexit a été convoqué pour jeudi à Bruxelles, au premier jour du conseil européen des 13 et 14 décembre.
Avant la rencontre de Theresa May avec Angela Merkel à Berlin, le chef de l'alliance CDU-CSU au parlement allemand, Michael Grosse-Broemer, a déclaré que l'accord de Brexit était "équilibré" et "ne sera pas rouvert". "Je ne pense pas que la Première ministre britannique s'y attende".
En gagnant du temps, Theresa May espère sans doute accentuer la pression sur les députés britanniques, faisant planer la menace d'un Brexit sans accord s'ils ne votent pas le texte. Sa stratégie est toutefois risquée.
Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition, est pressé par des députés de son parti et d'autres partis d'opposition de déclencher une motion de défiance, ce qu'il écarte pour le moment.
Theresa May est aussi menacée par un vote de défiance au sein de son propre parti, si 48 députés conservateurs en font la demande.
Les députés discuteront mardi après-midi de la décision de Mme May de reporter le vote lors d'un débat organisé à la demande du Labour.
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