Les deux candidats au poste de Premier ministre britannique, Boris Johnson et Jeremy Hunt, pensent pouvoir conclure un accord sur le Brexit avec l'Union européenne sans le dispositif controversé du "filet de sécurité", ont-ils affirmé vendredi soir à la BBC.
"Nous aurons un accord d'ici au 31 octobre", date du Brexit, initialement prévu le 29 mars dernier mais repoussé deux fois, a assuré Boris Johnson. "Ce qu'ils doivent faire", a-t-il déclaré à propos des dirigeants de l'UE, c'est "prendre les 175 pages du filet de sécurité irlandais et le supprimer", a-t-il ajouté, considérant qu'une solution alternative pouvait être trouvée dans le cadre d'un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l'UE.
Le filet de sécurité ("backstop" en anglais), solution de dernier recours prévue dans l'accord de retrait de l'UE consiste à créer un "territoire douanier unique" englobant l'UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé de l'Irlande du Nord sur un nombre limité de règles du marché unique européen. L'objectif est d'éviter le retour d'une frontière physique entre cette province britannique et l'Irlande voisine afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen.
Mais cette disposition est fortement décriée par les plus ardents partisans du Brexit, qui veulent une rupture nette avec l'UE, et le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, allié du Parti conservateur, qui refuse un traitement différencié pour la province nord-irlandaise.
Également interviewé par la BBC, Jeremy Hunt a aussi dit vouloir changer le "filet de sécurité" afin d'obtenir l'approbation des députés britanniques, qui ont rejeté trois fois l'accord de retrait négocié en novembre par Theresa May avec l'UE.
Bien que les dirigeants de l'UE aient répété qu'ils ne voulaient pas toucher à ce texte, Jeremy Hunt a de nouveau affirmé vendredi que la chancelière allemande Angela Merkel lui avait dit que "si un nouveau Premier ministre britannique propose un projet différent pour la frontière irlandaise, ils l'examineraient".
Tandis que Boris Johnson s'engage, s'il est élu, à faire sortir son pays de l'UE le 31 octobre, accord ou non, Jeremy Hunt a refusé de s'engager sur une date, envisageant "quelques jours" de délai si nécessaire pour conclure un accord et disant "s'attendre" à un Brexit d'ici à Noël.
Dans une interview distincte sur la BBC, Theresa May a dit quitter Downing Street avec un mélange de "fierté" et de "déception". Elle a affirmé avoir négocié un "bon accord" avec l'UE, mais avoir "sous-estimé la réticence de certains membres du Parlement à faire des compromis".
Le nom de son successeur sera connu le 23 juillet.