L'Union africaine a décidé l'envoi de troupes africaines au Burundi avec un mandat de protection des civils, a annoncé vendredi un diplomate. Cette décision reste néanmoins soumise à l'accord de Bujumbura ou, à défaut, des chefs d'Etat de l'UA.
"Le Conseil de paix et de sécurité a pris hier (jeudi) la décision d'envoyer des troupes pour protéger les civils" au Burundi, a déclaré Bonaventure Cakpo Guebegde, membre du Bureau régional Burundi et deux Congo au département Paix et Sécurité de l'Union africaine (UA). Le diplomate a précisé que la taille du futur contingent n'avait pas "encore été déterminée".
L'Union africaine invoque ainsi pour la première fois l'article 4 de sa charte. Il lui donne le droit d'intervenir dans un Etat membre dans de graves circonstances, à savoir en cas de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide.
"Désormais, nous avons deux options: soit nous envoyons des troupes avec le consentement du gouvernement du Burundi. Soit nous attendons le consentement des chefs d'Etat africains, ce qui signifie que les deux-tiers devront approuver. Notre option préférée est de parvenir à un accord avec le gouvernement burundais", a-t-il expliqué.
Mais il est fort peu probable que les autorités burundaises acceptent un déploiement militaire sur leur sol. Bujumbura ne cesse de dénoncer l'ingérence de la communauté internationale dans sa gestion de la crise politique dans laquelle est plongé le Burundi depuis huit mois.
Les troupes envoyées au Burundi proviendront de la Force est-africaine en attente, composante régionale de la Force africaine en attente (FAA), a précisé M. Cakpo Guebegde.
Cette décision intervient une semaine après l'attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province. Il s'agissait des affrontements les plus intenses au Burundi depuis une tentative ratée de coup d'Etat militaire les 13 et 14 mai.
L'ONU avait déjà indiqué en novembre étudier la possibilité d'envoyer des Casques bleus au Burundi si les violences s'amplifiaient et devenaient incontrôlables. Elle puiserait dans le contingent de la Monusco, sa mission déployée en République démocratique du Congo voisine.
Le Burundi a plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de son président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. L'opposition, la société civile et une partie de son propre camp estimaient cette candidature contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l'armée, dominée alors par la minorité tutsi, et des rébellions hutu.
La mise en échec du putsch en mai, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de M. Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences. Selon l'ONU, au moins 400 personnes sont mortes dans ces violences.
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