Ukraine : bilan en demi teinte pour Porochenko

29/01/2019
Ukraine : bilan en demi teinte pour Porochenko

Petro Porochenko

Président pro-occidental, Petro Porochenko peut se targuer d'avoir arrimé l'Ukraine à l'Union européenne. Candidat à un second mandat, il devra cependant répondre aux frustrations quant à la guerre qui continue de couver dans l'est prorusse et à la corruption qui mine le pays.

Surnommé le "roi du chocolat" pour avoir fait fortune dans la confiserie, l'ancien milliardaire de 53 ans est élu président en mai 2014, remplaçant Viktor Ianoukovitch, destitué après trois mois de manifestations massives à Kiev déclenchées par sa décision d'annuler la signature d'un accord d'association avec l'UE pour se tourner vers Moscou. 

Avaient suivi une crise ouverte avec la Russie, l'annexion de la Crimée et un conflit armé dans l'Est prorusse. 

Arrivé au pouvoir à un moment critique pour l'Ukraine, cet homme à la stature imposante et au long parcours politique promettait alors d'endiguer la corruption omniprésente, d'adopter des réformes de fond et de mettre fin en "quelques jours" au conflit avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays. 

Cinq ans plus tard, le processus de paix dans l'est est au point mort et le renforcement des liens de cette ex-république soviétique avec l'Union européenne apparait désormais comme sa principale réussite. 

Négociateur pragmatique et bon orateur parlant plusieurs langues, il signe, quelques semaines après son investiture, l'accord d'association avec l'UE annulé par son prédécesseur. Il obtient également un régime d'exemption de visa pour les citoyens ukrainiens. 

Petro Porochenko entreprend de réformer l'armée ukrainienne, jusqu'alors en piteux état, avec pour but de faire adhérer l'Ukraine à l'Otan. Il insiste pour une candidature officielle de l'Ukraine à l'entrée dans l'UE à l'horizon 2024. 

Après un effondrement économique en 2014 et 2015, l'Ukraine renoue avec la croissance, même si celle-ci est trop timide pour l'empêcher de devenir en 2018 le pays le plus pauvre d'Europe en termes de PIB par habitant, selon le Fonds monétaire international dont l'aide financière est cruciale. 

Encouragé par les Européens, M. Porochenko a lancé de vastes réformes dans les secteurs énergétique et bancaire, visant le système des contrats publics, l'éducation ou encore la santé. Peu ont cependant été menées à leur terme par le président, notamment en termes de modernisation de la justice et de lutte contre la corruption, un mal qui ronge le pays. 

"Certes, l'Ukraine n'en est pas là où nous voudrions tous la voir en termes de réformes, mais davantage de progrès ont été faits ces quatre dernières années que pendant les 23 années précédentes", souligne Lenna Koszarny, du fonds d'investissements Horizon Capital.  

Si de nouvelles structures anticorruption ont été mises en place, aucun haut responsable n'a jusqu'à présent été condamné, ce qui irrite les Occidentaux et retarde leur aide financière. 

"Petro Porochenko a perdu sa chance de changer le pays et d'enrayer la corruption", accuse ainsi le jeune député Serguiï Lechtchenko, ancien journaliste d'investigation. 

Spécialiste des relations économiques internationales et originaire de Bolgrad, dans le sud-ouest de l'Ukraine, Petro Porochenko s'est lancé en vendant des fèves de cacao, puis en achetant plusieurs usines de confiserie, qu'il a réunies ensuite dans le groupe Roshen. 

Bien qu'il ait promis de vendre la compagnie une fois élu, M. Porochenko, marié depuis plus de 30 ans à une cardiologue de formation et père de quatre enfants, ne s'est toujours pas exécuté, arguant d'une absence de demande. 

Encore propriétaire de la chaîne de télévision Kanal 5, il affirme avoir vendu plusieurs autres sociétés depuis son arrivée au pouvoir. 

Il était l'un des hommes les plus riches du pays lors de son élection avec une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars en 2014 par le magazine Forbes. Son patrimoine est aujourd'hui estimé à environ 500 millions de dollars par les médias ukrainiens. 

Des scandales de corruption impliquant des proches du président, cité dans l'enquête internationale des "Panama Papers", ont également terni son mandat.  

Si la récente création en Ukraine d'une Eglise orthodoxe indépendante de la tutelle religieuse de Moscou a donné un léger coup de pouce à sa popularité, sa réélection est pourtant loin d'être assurée.  

Il est devancé dans les derniers sondages par l'ex-Première ministre aux penchants populistes Ioulia Timochenko et est même talonné par un rival inattendu, le populaire comédien Volodymyr Zelensky.  

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